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La Vie ChonChon
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21 avril 2009

Tokyo Sonata

Tokyo_SonataTourments de famille. Tokyo Sonata dresse le portrait d'une famille japonaise ordinaire. Le père, licencié sans préavis, le cache à sa famille. Le fils ainé est de plus en plus absent et projette de rejoindre l'armée américaine en Irak. Le plus jeune prend des leçons de piano en secret, qu'il paie avec l'argent de la cantine. Et la mère, impuissante, ne peut que constater qu'une faille invisible est en train de détruire sa famille. Depuis plusieurs années déjà, Kiyoshi Kurosawa s'affirme comme un réalisateur très intéressant, très doué. "Sweet Home", "Cure", "Kaïro", "Jelly Fish", "Retribution" ont tous une patte très particulière, et sont imprégnés de la personnalité de leur metteur en scène : c'est déjà la particularité d'un grand. Avec "Tokyo Sonata", il nous livre ici son meilleur film, et son film le plus intime. "Ce film met en scène une famille ordinaire dans le Japon contemporain. Je pars d'une situation où les mensonges, le doute et l'incommunabilité se sont installés dans cette famille. Sans aucun doute, ceci est contemporain et ceci est le Japon. Pourtant, je voudrais montrer une lueur d'espoir à la fin. Puis-je faire cela ? Et si j'y arrive, est-ce que cela sauverait une famille ordinaire ?" Le sujet peut sembler bien ordinaire, mais le savoir faire de Kiyoshi Kurosawa parvient, grâce à sa technique irréprochable, à porter son film bien au-delà de la famille ordinaire qu'il nous présente. Il peut aussi compter sur sa distribution, absolument parfaite. Haruka Igawa (la mère) sait être ce volcan paisible au fond duquel on sent un bouillonnement, à force de toujours de servir de lien entre tous les membres de la famille ; Kai Inowaki (le jeune fils) joue d'une façon calme, placide, aux antipodes des pré-adolescents qu'on nous sert souvent au cinéma ; Koji Yakusho (le cambrioleur) qui compte déjà 7 films avec le metteur en scène, apporte toute son énergie pour bousculer enfin cette famille, avec des pointes d'humour et de folie qui apportent au film sont point de brisure. Enfin, il a Teruyuki Kagawa (le père), véritable Buster Keaton japonais, est un immense acteur, portant le rôle de se père déboussolé à des sommets. Comme il le dit très bien : "Le personnage du père est l'incarnation du Japon. Si vous le trouvez pitoyable, alors le Japon l'est aussi. Sans doute ce pays est-il pitoyable par certains aspects. Dans ce film, Kurosawa montre, d'une façon à la fois cynique et chaleureuse, comment le Japon est vu par le reste du monde". Kurosawa parvient, derrière le portrait d'une famille ordinaire, à nous montrer le Japon, bouleversé par la crise. Et il le fait subtilement, ne se posant jamais en donneur de leçon, ni en rhéteur didactique. Du très grand art. Et le tour de force est de nous maintenir en recul, certes très touchés par les événements, mais aussi détachés grâce à un humour étrange et délicat. Je ne peux, encore une fois, que conseiller ce film, beau et triste comme une valse lente, dont l'affiche nous dit d'entrée que rien n'est totalement perdu, affiche que l'on retrouve en une scène, à la fin du film, où tous les protagonistes se maintiendront très loin de l'habituelle scène finale américaine où l'on déploierait des salves d'applaudissements. Un film qui reste au coeur longtemps après la projection. Un grand metteur en scène, un grand film, de grands acteurs. Et la grandeur dans l'ordinaire, c'est si rare !
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