Fish Tank

Un ailleurs possible ?

A 15 ans, Mia est une adolescente rebelle avec une unique passion : la danse hip hop. Un jour d'été, sa mère rentre à la maison avec un nouvel amant, Connor, qui s'installe chez elles. Est-ce enfin une promesse de bonheur ou bien un leurre ?

Voici donc le deuxième film d'Andrea Arnold, après le très bon "Red Road" en 2006, un peu dans la veine de Ken Loach, avec son "réalisme social cru" britannique. La réalisatrice, incontestablement, confirme son talent.

Le film est bien écrit, bien réalisé. Il est âpre, rauque, tendu, et il s'en dégage une force et une violence parfaitement maîtrisées. Le fond et la forme sont en osmose, et c'est assez rare. Et la réalisatrice ose même des moments teintés d'un imaginaire poétique dans ce monde si acéré. Souvent, elle quitte le béton pour se rapprocher de la campagne, comme autant de souffles repris par cette jeune adolescente qui connaît tous les affres de son âge.

La distribution est très bonne : Kierston Wareing (la mère) est aussi bonne que dans "It's a free world" de Ken Loach, et tout porte à croire qu'elle nous offrira encore de belles prestations ; Michael Fassbender (Connor), découvert dans "Frères d'Armes" la série produite par Spielberg et Hanks, sublimé dans "300" de Zeck Snyder en 2007, époustouflant dans "Hunger" des Steve McQueen II en 2008, nous démontre par le menu que son éventail est très large, et qu'il est désormais un comédien sur lequel on peut compter. Le jeune Harry Treadaway (Kyle), aussi perdu que l'adolescente, mais bien moins violent, apporte presque uniquement avec son visage, l'espoir d'un ailleurs possible.

Mais que serait ce film sans l'épatante Katie Jarvis ? Elle incarne cette Mia avec ce qu'il faut de violence exprimée et de violence rentrée, dans un équilibre digne des plus grandes ! Elle est, au-delà du fait que le film est très bon, la découverte. A mille lieues des comédiennes guimauves qu'on voit défiler. Vivement sa prochaine prestation !