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La Vie ChonChon
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31 juillet 2010

City of Life and Death

City_of_life_and_deathChine, 1937.

Aux portes de Nankin, capitale de la Chine, l’armée impériale japonaise lance l’offensive. À l’intérieur, les soldats chinois sont totalement désorganisés. Certains veulent se rendre, d’autres s’y opposent par la force, alors que l’essentiel des troupes et une partie de la population civile ont déjà été évacués. Les remparts sont détruits par des tirs de chars. Les soldats japonais entrent dans la ville fantôme avec ordre de ne pas faire de prisonniers. Le « Massacre de Nankin » est en marche. Parmi les soldats japonais, le jeune Kadokawa prend part à la mise à sac de la ville tout en l’observant avec effroi. Du côté chinois, les soldats sont exécutés en masse, et les femmes de tous âges violées. Les nombreux civils qui n’ont pu être évacués tentent de s’organiser pour survivre…

Chuan Lu nous propose un film dont il a écrit le scénario, qu'il a produit, et qu'il a mis en scène. Il a décidé de relever plusieurs défis : politiques, historiques, esthétiques. A mon sens, il les a tous relevés brillamment, et nous propose une oeuvre somptueuse.

Commençons par le plus évident : c'est formellement impeccable, dans un noir et blanc magnifique, et dans une réalisation et un rythme devant lesquels Spielberg et Eastwood peuvent rester modestes. C'est aussi puissant que du Griffith ou du Eisenstein.

La reconstitution historique est grandiose et terrifiante, et Chuan Lu nous propose la description de ce massacre de masse à travers des destinées individuelles. Il sait évoquer la trahison sans en faire des tonnes, comme il parvient à nous présenter ce qui conduit certains à obéir, d'autres à résister. En ce sens, le film touche à l'universel.

Pour autant, politiquement, il échappe à tout manichéisme, à toute caricature, et on lui a même reproché de trop humaniser les jeunes soldats japonais. Par petites touches, il peint les dilemmes des uns et des autres, en essayant de ne jamais trop appuyer sur les ressorts sentimentaux des protagonistes, ce qui est souvent le défaut des grandes fresques historiques étasuniennes. Chacun, Japonais comme Chinois, peut avoir ses failles.

L'interprétation est brillante. C'est un film certes chinois, mais dont le héros (ou l'anti-héros) est un jeune soldat japonais, Kudokawa qui peine à se résoudre à être réellement "partie prenante" de ce drame. Il est incarné par le sensible Hideo Nakaizumi (découvert dans "United Red Army" de Kôji Wakamatsu en 2009) qui trouvera finalement la seule façon d'échapper à ce massacre, et surtout, au souvenir de ce massacre.

Il est secondé par Wei Fan en Mr Tang, Liu Ye (que nous retrouverons prochainement dans "Connected" de Benny Chan, "Dark Matter" de Shi Chen, "Purple Buttefly" de Lou Ye, alors que nous l'avions découvert en 2007 dans "la Cité interdite" de Zhang Yimou), Yuanyuan Gao en Mlle Jiang (magnifique dans "Beijing Bycicle" en 2001 et dans "Shaghaï Dreams" en 2006, tous deux de Wang Xiaoshuai), Jiang Yiyan en Mr Jiang, Liu Bin en Xioadouzi, etc...

Ce film est une totale réussite, un monument de cinéma humaniste, au bord de l'abstraction et au coeur de l'humain et des sentiments les plus extrêmes, peints dans une esthétique indiscutablement magnifique.

A voir absolument.

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