Sans-papiers

De la théorie à la réalité.

A priori, j'ai toujours considéré qu'en France, le sort réservé aux travailleurs sans-papiers était indigne d'un pays comme le nôtre. Les alertes sonnées par des association comme la Cimade, et le Mrap, par divers collectifs, m'ont confirmé la nécessité d'envisager une autre façon de faire que celle exercée depuis 2002, et plus âprement encore depuis 2007.

Je n'évoque ici que la problématique des travailleurs sans-papiers, c'est dire des hommes et des femmes qui vivent et travaillent en France, et qui selon moi devraient être mieux considérés, acceptés, considérés par le gouvernement.

Les accusations en angélisme, en laxisme... n'ont pas de prises sur moi. Non pas que j'aie eu le souhait d'ériger ma réflexion a priori en "croyance", mais c'est au jour le jour, à mesure que la stigmatisation et l'exploitation médiatique (difficile d'envisager d'autres mots que ceux-ci) devenaient ahurissantes et surtout exemptes de tout humanisme, que j'ai acquis la certitude que le gouvernement faisait fausse route.

La vie a ceci d'étrange qu'elle fait parfois en sorte que vos réflexions théoriques se concrétisent en expériences empiriques, vécues. Ainsi ai-je un ami, travailleur sans-papiers, parfaitement intégré et parlant parfaitement le français, qui a été expulsé, s'étant fait attraper dans l'exercice de son travail. Au péril de sa vie, il a du traverser 9 pays en 8 mois pour revenir enfin en France, ayant visité la misère ici et là, ayant vécu le décès d'un camarade engagé dans le même périple, arrivant à Paris exténué et très amoindri.

Son récit, son périple, ses blessures... m'ont confirmé que "pragmatiquement", j'avais raison de ne pas être outragé à l'idée de régulariser les travailleurs sans-papiers. Et d'avoir à se confronter au long cheminement qui mènera, peut-être, à la une régularisation, et donc à l'obtention de papiers reste une épreuve qu'un pays comme le nôtre ne devrait faire subir à personne.