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6 février 2012

Et si l'élection présidentielle de 2012 était dans les mains des "classes populaires" ?

Bossuet_Jean_Benigne

"Se peut-il faire que vous entendiez la voix languissante des pauvres qui tremblent devant vous ?"

Jean Bénigne Bossuet, en 1662, dans le "Sermon du mauvais riche" ne faisait pas autre chose que s'en prendre aux puissants de son temps.

Cela nous ramène, comme le dit Jean-CLaude Guillebaud, à toutes les moqueries qui ont été adressées à François Hollande, notamment par les deux "cellules ripostes" de l'Élysée lorsqu'il précisa que son ennemi n'était pas un homme, ni un parti, mais "la finance", autrement tout le système qui ne consiste pour certains qu'à spéculer pour eux-mêmes, sans rien apporter à l'économie, ni surtout, à la richesse que nous pourrions ensuite partager.

Est-ce si stupide, si "démagogique", si "populiste", que de désigner "la finance" pour maître d'oeuvre de nombre de problèmes actuels, comme le prétend l'UMP ?

Évidemment non, et c'est, à juste titre, vieux comme le monde. Dans la Bible déjà (mais probablement avant) on lit "Tous aiment les dons et les gains illicites" (Isaïe, 17-23) et "Tu t'es gonflé d'orgueil et de richesses" (Ézéchiel, 28-5).

Plus proche de nous :

"Pour la première fois dans l'histoire du monde, l'argent est maître sans limitation ni mesure." Charles Péguy, 1910.

"En faisant de l'argent le mobile unique ou presque de tous les actes, la mesure unique ou presque de toutes les choses, on a mis le poison de l'inégalité partout.' Simone Weil, 1949.

"L'argent est devenu un parasite qui dévore l'économie, le capitale un prédateur qui pille la société." André Gorz, 1997, dans "Misères du présent Richesse du possible".
http://darbydiary.blogspot.com/2011/07/vendredi-8-juillet-2011.html  

"L'odeur de l'argent empeste chaque pays". Georges Steiner, 2000.

Je remercie Jean-Claude Guillebaud de nous avoir rappelé opportunément ces citations dans sa Chronique du Nouvel'Obs, qui replacent les propos de François Hollande dans une perspective historique. Nous pourrions évidemment en citer beaucoup d'autres, depuis Émile Zola jusqu'à Suzan George, depuis Proud'hon jusqu'à Keynes.

Je lis aujourd'hui qu'une "étude" (ou un "sondage", on ne sait jamais trop) tendrait à prouver que les "classes populaires" s'éloigneraient de plus en plus, dans leurs intentions de vote, de l'actuel locataire de l'Élysée. Je note que cela a commencé dès quelques mois après son élection à la Présidence de la République, comme je note qu'il existe, selon moi, un lien évident entre cet éloignement croissant et l'appétence avéré de Nicolas Sarkozy  pour l'argent, surtout celui des héritiers, des parvenus... qui n'entendent pas, dans un esprit de solidarité pour tendre vers davantage de cohésion nationale (seule base solide pour envisager une sortie de crise), souscrire à la redistribution dès lors qu'ils en seraient un des rouages.

Cette "étude" dément aussi une idée récente, qui devient une "idée reçue" tant elle semble matraquée sans même qu'on prenne le soin de s'y attarder pour observer, analyser et réfléchir, qui consiste à prétendre que les "classes populaires" se jetteraient massivement dans les bras du FN. Elles resteraient "de gauche", et François Hollande tendrait à les convaincre, et dans ses constats, et dans ses préconisations. La "crise" participe probablement du fait que ces "classes populaires" hésitent à voter plus à gauche encore, admettant qu'un "rêve réalisable" ou qu'une "utopie raisonnable" serait préférable à toute autre chose (ce dont évidemment je doute beaucoup), à tout autre élan plus "révolutionnaire". On peut les comprendre, puisqu'elles sont usées, fatiguées, apeurées par la paupérisation et le déclassement, mais on doit comprendre aussi que leur "colère rentrée" n'est pas mesurable, et qu'il ne faut préjuger de rien.

Constatons car c'est heureux, que les efforts de propagande de Patrick Buisson, Étienne Mougeotte, Claude Guéant... semblent plutôt limités sinon vains. On ne saurait mépriser à coups de boniments, de mensonges, de forfaitures... les "classes poulaires" très longtemps, tant la réalité se rappelle à elles avec férocité. Accroître leur "temps de cerveau disponible", dans les difficultés, ne les empêche pas de compter.

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