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La Vie ChonChon
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29 avril 2012

Avé

AvéRoad-Movie initiatique.

Parti de Sofia, Kamen se rend en stop à Roussé, dans le nord de la Bulgarie. Sur la route, il rencontre Avé, une jeune fugueuse de 17 ans, qui lui impose sa compagnie. À chaque nouvelle rencontre, Avé leur invente des vies imaginaires et y embarque Kamen contre son gré. D’abord excédé par Avé et ses mensonges, Kamen se laisse troubler peu à peu…

Le plasticien Konstantin Bojanov nous propose son premier long métrage de fiction (il a déjà réalisé un documentaire, "Invisible - this is your lige on heroin", qu'il a construit à partir d'éléments autobiographiques : le suicide d'un de ses camarades de classe, son voyage en stop pour aller à son enterrement, et sa fascination pour une jeune fille de 17 ans.

Il revendique quelques influences : Jerry Schatzberg avec "L'Épouvantail", Michelangelo Antonioni avec "Preofession : reporter", Bob Rafelson avec "Cinq pièces faciles", et Éric Zonca avec "La vie rêvée des anges".

Techniquement, c'est rigoureux et économe. Quand un long métrage habituel compte environ 1000 plans, "Avé" n'en contient qu'environ 250, afin de pouvoir donner le plus de fluidité possible à ce road-movie. Le travail sur la lumière est magnifique, passant d'une sobriété assez froide à des teintes plus chaudes, afin de suivre l'évolution de l'état d'esprit des personnage. Le film ne compte que deux morceaux de musique : un air de piano composé et joué par Tom Paul, et un morceau acoustique du guitariste Tom Ricot (musicien pour Tom Waits et Norah Jones notamment) à qui Martin Scorses avait fait appel pour "Les Infiltré".

Ce road-movie ne met pas en avant, comme souvent, une liberté affichée, mais la laisse en arrière plan, pour mieux décrire autre chose : la chronique de la perte de l'innocence de cet anti-couple d'écorchés vifs, qui permet de s'engager d'un pas plus ferme et assuré à la rencontre des impératifs du monde adulte. Cela passe par l'affrontement des mensonges de la jeunesse aux dures réalités, qui se dessinent à travers différentes rencontres.

Et si ce n'est pas uniquement un road-movie en auto-stop qui traverse la Bulgarie jusqu'à la Mer Noire, c'est que le film se détache de cette Bulgarie post-communiste, pour se muer en un vagabondage à l'américaine des années 1970.

Ovanes TorosyanLes jeunes acteurs Anjela Nedyalkova (Avélina, surnommée Avé) et Ovanes Torosyan (Kamen) crèvent l'écran. Anjela Nedyalkova parvient parfaitement, en restant opiniâtrement menteuse, à restituer toute la fureur de vivre propre à la jeunesse, fureur de vivre à laquelle elle ajoute de la facétie et de l'humour qui confèrent à Avé des contours complexes.

Ovanes Torosyan (voir photo) compose un Kamen plus déterminé, dont le seul regard profond imprègne le film de toute sa mélancolie. Ce jeune ne m'est pas inconnu, puisque je l'avais déjà vu dans "Eastern PLays" de Kamen Kalev en 2010, et j'avais écrit ici tout le bien que j'en pensais, tant sa prestation dans le rôle difficile de Georgi m'avait épaté. Il a joué aussi dans "Tilt" de Victor Tchoukov en 2011, mais je ne l'ai pas vu, et j'ignore même s'il est sorti sur les écrans français.

Parmi les rencontres que font Kamen et Avé, il y a un camionneur qui les prend en stop, incarné par Martin Brambach. S'il est peu connu en France, il est très populaire en Allemagne, pour avoir joué dans une quantité innombrables de séries TV depuis 15 ans, et pour jouer de plus en plus souvent pour le cinéma depuis "Good Bye, Lenin " de Wolfganf Becker en 2003 : "Struggle" de Ruth Mader, "Le Clown" de Sebastian Vigg, "Wo ist Fred ?" de Anno Saul, "Les Faussaires" de Stefan Ruzowitzky, "Duel au sommet" de Philip Stölzl, "Yella" de Christian Petzold (un des chefs de file du renouveau du cinéma allemand), "The Reader" de Stephen Daldry. Il a joué dans 4 films qui devraient sortir prochainement.

Très beau film qui va au-delà du road-movie initiatique, et qui à travers la brève rencontre de deux jeunes écorchés vifs, propose de montrer le cheminement de l'adolescence au monde adulte, filmant conjointement la mélancolie et la joie de vivre, évoquant le suicide, le deuil, la solitude, la famille, l'amitié, le sexe, la drogue, sans jamais oublier se piquer d'humour et de fantaisie.

Konstantin Bojanov est incontestablement un cinéaste à suivre, ainsi que ses deux jeunes interprètes.

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