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La Vie ChonChon
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12 mai 2013

Une Vie Simple - (Tao Jie)

Une vie simple

Peu à peu s'éteindre...

De nos jours, en Chine à Hong-Kong. Au service d’une famille bourgeoise depuis quatre générations, la domestique Ah Tao (Deannie Yip) vit seule avec Roger (Andy Lau), le dernier héritier. Producteur de cinéma, il dispose de peu de temps pour elle, qui, toujours aux petits soins, continue de le materner...

Le jour où elle tombe malade, les rôles s’inversent...

Inéluctablement, j'aime commencer et terminer mes vacances par un excellent film de cinéma. Mes congés de printemps auront commencé par "Hannah Arendt" de Margarethe Von Trotta pour se clore par "Une Vis Simple" de Ann Hui.

Une Vie Simple - Deannie Yip

"Une Vie Simple" regroupe plusieurs thèmes de prédilection de la réalisatrice Ann Hui. Elle est notamment très attachée aux questions sociales et à l'histoire. En 1990, elle a signé une œuvre très personnelle, semi-autobiographique, "Songs of the Exile", qui traite de la perte d'identité et du retour à ses origines.

Tao Jie, la domestique dont s'inspire le personnage incarné par Deannie Yip, est décédée au cours du tournage du film. Le titre original du film porte d'ailleurs son nom. Dans le film, le personnage de Deannie Yip, qui incarne Tao Jie, porte le nom de "Chung Chun-Tao". Lorsqu'elle le dit, une retraitée lui rétorque que c'est le nom d'un domestique. A Hong Kong, lorsqu'un enfant domestique devenait orphelin, il se faisait appeler "Chun Tao" par son maître. Un prénom seulement donné aux enfants issus des milieux défavorisés et qui porte encore aujourd'hui cette connotation à Hong Kong.

Une Vie Simple - Yip et Lau

Il y a 23 ans, Deannie Yip et Andy Lau s'étaient déjà donnés la réplique dans "The Truth" de Johnny Mak. Par ailleurs, Deannie Yip est la marraine d'Andy Lau dans la vraie vie. Aujourd'hui, ils se retrouvent au cinéma pour "Une Vie Simple". "Je pense qu'ils souhaitaient tous les deux retravailler ensemble après tant d'années", raconte Ann Hui, la réalisatrice. Cette dernière a elle-même déjà tourné avec Andy Lau pour le film "Passeport pour l'Enfer" en 1982.

Une partie du film se passe dans une maison de retraite. Les pensionnaires regardaient les équipes de tournage travailler jusqu'à ce que Ann Hui leur propose de participer en tant que figurants, ce qui leur a fait plaisir. Certaines scènes ont d'ailleurs été tournées à la manière d'un documentaire, avec des gros plans pour recueillir les réactions des pensionnaires de la maison de retraite.

Tirée d’une histoire vraie, cette histoire est paradoxalement riche en péripéties tant la vie y est vibrante. On a rarement filmé de façon quasi documentaire un de ces établissements qui flirtent avec le mouroir, que la réalisatrice, très intelligemment, refuse de filmer avec un pathos excessif.

Une Vie Simple - Lau et Yip

La relation de Roger à Ah Tao se raconte par éclats tendres tandis que la mise en scène d'Ann Hui observe une retenue de tous plans, souvent élégante au classicisme pondéré. Sur des thématiques affectives, mais aussi sociales, le rapport valide/invalide comme le rapport nanti/populaire, sont de plus en plus souvent évoquées au cinéma, et on l'a vue récemment en France dans "Les Intouchables", mais ici Ann Hui ouvre le champ de vision à une réalité moins schématique et moins évidente, sans se laisser aller à la dissolution dans une doucereuse obsession de justesse ni de sentimentalité.

La préparation et le partage d'un repas, la réouverture d'une vieille malle contenant des souvenirs, le tri des ustensiles de cuisine, une promenade dans les rues de Hong Kong, une soirée d'avant-première du film produit par Roger, etc... autant de petites scènes, chacune anecdotique, mais chacune contenant toute une existence, c'est là à la fois tout le travail méticuleux et sensible de Ann Hui, ainsi que celui des magnifiques Deannie Yip et Andy Lau, au jeu d'une incroyable délicatesse, de sourires en éclats de rires, de regards en caresses.

Avec une sensibilité qui ne sombre jamais dans la mièverie, Ann Hui rend palpable, au film de petites scènes du quotidien, l'attachement profond qui unit ces deux êtres par-delà les liens du sang. Sur fond de rapport de classes, "Une Vie Simple" est un mélodrame pudique qui s’assume, une bouleversante évocation d’une relation maternelle "de substitution" plus authentique que la véritable. Avec cette chronique d'une dette affective, Ann Hui réalise son plus beau film.

Et les prix qui ont été décernés à Ann Hui pour sa réalisation et à Deannie Yip pour son interprétation sont amplement mérités.

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