"Le vin ordinaire, l'eau potable des Français".

Retour en France, après un long voyage...

Nous avons donc quitté Clifden pour rejoindre Galway. Nous avons traversé le centre ville, charmant et animé, qui manifestement attire davantage les touristes que Clifden. Il faut dire que c'est une "grande ville" qui compte près de 75.000 âmes.

Nous ne traînons pas trop, pour ne pas être en retard au "Galway Town Hall Theatre", parce que Hebus a réservé deux places pour un ballet de dans moderne.

Je ne m'y attendais pas du tout, lui ayant laissé le soin de tout organiser. Nous allons voir "Cure", pas le groupe, mais un Ballet de Fearghus O Conchuir.

Encore une surprise de Hebus, qui lorsqu'il fait quelque chose, ne le fait jamais en dilettante.

Fearghus O Conchuir est un chorégraphe et danseur irlandais qui a intégré le Magdalen College d'Oxford avant de se former à la Contemporary Dance School de Londres. L'une de ses principales sources d'inspiration réside dans la relation qui lie les corps aux bâtiments dans un contexte de renouvellement urbain, sujet qu'il a déjà présenté sur scène et devant la caméra, à travers le monde.

O Conchuir pose ici les questions suivantes : "Que se passe-t-il quand nous nous effondrons ?" , "De quoi avons-nous besoin pour guérir ?".

"Cure" traite de la manière de surmonter les difficultés. Explorant les voyages spirituels inhérents à la survie et à la guérison, O Conchuir nous invite à nous mettre en quête de la réponse en puisant dans la sagesse et la créativité. Ainsi la démarche devient-elle plus importante que le résultat… La volonté de guérir prévaut sur la guérison...

Fearghus O Conchuir fait preuve d'un bouillonnement intellectuel qui pousse dans différentes directions, et son agilité lui permet de transmettre ses idées.

(Comme il est interdit de prendre des photographies, je publie celles que j'ai trouvées sur internet).

Pour les curieux, voici une petite vidéo de son travail : http://www.youtube.com/watch?v=tTaN5hqbRrk

Je sors ravi d'avoir vu ce ballet, même si la thémathique n'en est pas très joyeuses, et je persuadé que nous allons maintenant dîner puis dormir je ne sais où. Sauf que... nous sautons dans un taxi pour aller au port, car c'est en bateau que nous ferons le trajet Galway-Le Havre ! Je suis gai comme un pinson.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous sommes à bord. Et je réalise alors que nous allons y passer toute la nuit, puisque la distance fait environ 700 milles marins, soient environ 1300 kilomètres.

Quelle bonne idée, moi qui n'aie jamais fait de "croisière" en mer durant plus de deux ou trois heures. Je sais, c'est un peu bête, mais je trouve tout ça très romantique. Nous regardons longtemps Galway s'éloigner dans le soleil couchant.

Ce n'est pas un grand bateau, et nous ne sommes que cinq couples à bord en plus de l'équipage. Rien à voir donc avec ces gros navires de croisière qui ressemblent à des villes flottantes. C'est beau, c'est tout en bois ciré qui sent un peu l'encaustique.

Notre cabine est un nid, dans lequel on trouve quand même un coin lecture, un coin lit, un cabinet de toilette. En termes d'optismisation de l'espace, je doute que l'on puisse faire mieux. Hebus sourit en me voyant m'enchanter d'un rien, regarder par chaque hublot, carresser le bois, me vautrer sur le lit, comme un gosse tout ébaubi par sa belle cabane... Il est aussi ému que moi, je le vois bien.

Il est l'heure de dîner. Ici, pas de problème de menu ni de carte, c'est "Seafood & Guinness" sinon rien.

C'est parti pour des huîtres et un "Fish & Chips" dont je regrette vraiment qu'on n'en trouve pas davantage à Paris. J'adore ça !

Nous sommes les seuls Français à bord, les autres étant des Irlandais, ce qui signifie que tout se termine en chanson. Je reconnais quelques ballades irlandaises que j'ai entendues chantées, notamment, par "The Pogues" et Sinead O'Connor. 

Maintenant, il faut aller se blottir l'un contre l'autre dans notre cabine, dormir bercés par la houle.

Voilà, après environ quinze heures de voyage, aujourd'hui nous sommes de retour en France.

George Bernard Shaw avait mille fois raison lorsqu'il disait : "Qu'est-ce que la vie, sinon une série de folies inspirées."