La chair et la chère.

"Love is a battle, love is a war."

Pour une fois, ce ne sont pas des citations de l'Irlandais George Bernard Shaw qui introduisent mon propos, mais une citation de l'Américain James Badwin. Si je la choisis, c'est parce que selon moi elle évoque très bien cette toile de Francis Bacon (peintre irlandais que j'adore), un de ses plus beaux triptyques, daté de 1970.

J'explique à Hebus que je le vois à gauche, que je me vois à droite, et qu'au milieu je nous vois tous les deux faisant l'amour. Il reste un peu preplexe, et j'essaie de lui expliquer comment je ressens, et la citation de James Baldwin, et le triptyque de Francis Bacon, qui selon moi vont si bien ensemble.

Je pense que je ne choisirais pas la même toile, ni le même peintre, avant et après l'amour. Comme toute le monde je pense. Il se trouve qu'aujourd'hui, c'est ce qui m'est passé par la tête, parce que je pense que l'amour (sentimental comme sexuel) est une sorte de combat, l'un dans le temps, l'autre dans l'espace. Par ailleurs, le vocabulaire amoureux et sexuel lui-même est parfois "guerrier" : conquérir, partir à l'assaut, monter, pénétrer, envahir, prendre, dominer, étendard, épée, tirer, champ de bataille (le lit), etc...

Et nous causons, évoquant une chose une autre, au gré de nos pensées errantes au milieu de cette grande chambre feutrée, où précisément il n'y a plus de temps comme si les aiguilles de l'horloge restaient pendues, ni d'espace comme si nous n'allions plus sortir de ce nid.

Il ne nous faut jamais beaucoup de temps pour avoir faim, et ça tombe bien, nous déjeunons dans une heure. Juste le temps d'aller nous (re)laver dans notre belle et spacieuse salle de bain.

"Seafood" ai-je demandé lorsque nous avons commandé, dès hier, notre déjeuner. 

En effet, à quoi bon être au bord de la mer pour ne pas manger de fruits de mer ? Moules, crevettes, gambas, chair de crabe... tout ce qui fait bon bonheur. Et c'est délicieux. Le tout arrosé d'un "Richard Wild Irish Rose White Wine qui se laisse tranquillement boire. J'aime beaucoup la rose sur l'étiquette, et je me demande, je pense avec malice quel viticulteur en France oserait bien mettre une rose sur l'étiquette de ses bouteilles.

Enfin, pour le dessert, nous choississons tous les deux un dessert généralement servi pour Saint Patrick, un "Irish Triffle". C'est composé, d'après ce que j'ai compris, de morceaux de cake qui ont un peu vécu dans du sherry puis recouverts de la fameuse "jelly" (d'où ce vert "éclatant", presque fluo), de fruits frais et de crème fraîche. Mais j'avoue que nous l'avons aussi choisi pour son côté "rainbow flag".

Comme nous nous sommes déjà lavés longuement, et ce par deux fois, inutile d'y retourner une troisième ! Alors ce sera une promenade digestive. Nous avons le temps, puisque nous partons pour Galway que vers 18H.

Nous commençons par un petit tour dans la ville de Clifden (enfin quand je dis "la ville", dites-vous qu'on y compte environ 3500 habitants, qui décidément partout en Irlande aiment les couleurs, puis nous nous éloignons peu à peu dans la campagne. Il est impossible selon moi d'envisager beaucoup de paysages plus reposants, outre le désert. Le but recherché étant le calme et le repos, le but est atteint. Sans conteste.

Bien qu'il ne fasse que 18°C, que le temps soit nuageux (mais il ne pleut pas), que le soleil se contente de quelques petits clins d'oeil, Hebus accepte avec plaisir de se mettre torse nu pour que je le prenne en photo au seul endroit où il n'y a pas de vert sur un mètre carré. Je le trouve beau. Encore plus beau avec ses poils que sans.

Et comme de bien entendu, je dois à mon tour me laisser prendre en photographie. Mais ça, inutile de le publier...