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La Vie ChonChon
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24 avril 2014

Out of office .

Out of office

That's beyond my control !

J'ignore de quand ça date, ni même si ça date d'un temps précis, mais je ne suis jamais réellement "en vacances", ni le premier jour des congés, ni le dernier. Je m'explique : j'ai l'irrépressible besoin de passer au bureau le premier et le dernier jour de mes congés. Le premier, parce que j'ai toujours l'angoisse de ne pas avoir terminé quelque chose, le dernier pour m'assurer que j'organise "la reprise" de façon à gaspiller en deux jours ce que j'ai acquis pendant les vacances, une forme d'apaisement. 

Là où je suis très "attaqué" ce que je n'en éprouve aucun déplaisir. C'est plus fort que moi, je dois toujours faire en sorte d'être certain de partir et de revenir dans les conditions qui, selon moi et selon la fonçon dont j'entends m'organiser, sont les meilleures. Attaqué, vous dis-je ! Et je ne parviens pas à me satisfaire de l'expression "conscience professionnelle", qui répond trop vitement à la probématique, à cet étrange syndrome.

C'est d'autant plus déconcertant que nous sommes au temps de l'internet et des mails consultables depuis la maison ; que je travaille dans ce qu'il reste de "service public" et que nul ne me reprochera de n'en pas faire davantage que les autres, et que nul n'envisagera que je déteste (au boulot), la procratination.

Bref, c'est enjoué qu'après ma séance matinale de cinéma ("Night Moves" de Kelly Reichardt, excellent), je suis directement passé au bureau. Voilà, je suis satisfait, j'ai récupéré "mon" colis (des sujets d'examen), j'ai distribué le courrier, j'ai épongé mes messages téléphoniques, j'ai répondu à mes mails, j'ai papoté avec une collègue qui passait elle-aussi par-là, et j'ai plié bagages.

C'est bête, mais je peux maintenant vivre mon VSD (Vendredi Samedi Dimanche) sereinement, l'esprit plus tranquille. "L'enfer c'est les autres" écrivit l'autre, et il y a un peu de ça aux origines de mon angoisse. Je vais pouvoir être le spectateur d'une espèce de tumulte de la rentrée, sans avoir à y être inclus, sans participer réellement à cette agitation. Sauf à participer à certaines de leurs inconséquences. Acteur viscéral et minutieux de ma vie, ne m'abandonnant presque jamais, et observateur autant attentif que dubitatif de celle des autres.

Tout cela m'a rappelé les temps ou je composais des dissertations. Français, philosophie, droit, micro et macro économie... toujours selon la même organisation intangible, avec 4 ou 5 copies doubles rangées dans l'ordre : introduction, thèse, antithèse, syntèse (parfois 3 parties, ce qui explique les 5 copies doubles). Et de travailler sur les 4 ou 5 copies simulanément, pour être certain de ne rien oublier, de ne pas être pris par le temps, de ne pas avoir à revenir en arrière, de ne pas avoir à exprimer des certitudes mais des engagement, pas des croyances mais des savoirs (si possible empiriques). Ma tête est ainsi "ordonnée" (ou "désordonnée", c'est selon). Ma tête, pas mon décor, où là, c'est un peu le bordel.

Je pense à l'extrême minutie de Didou rangeant ses disques et ses livres, à l'intransigeance besogneuse de MisterNo, aux analyses articulées de mon Soliman le magnigique. Large ouverture sur le fond laissant la place à la créativité et au jaillissement d'idées, extrême rigueur sur la forme, même lorsqu'elle est passée par un foisonnement d'originalités. Forces et faiblesses des marginaux et des excentriques malgré eux, et entre eux.

La grande leçon que j'ai reçue de Marcel Proust et de ses fameuses paperolles, de Gustave Flaubert, d'Oscar Wilde, d'André Gide, de Jean Genet, de Patrick Modiano... pour ce qui est de la littérature française, de Sophocle, d'Aristote, de Montaigne, de La Boétie, de Spinoza, de Pascal... en philosophie, et que je continue de recevoir de Wong Kar Waï, d'Alexandre Sokourov, de Takeshi Kitano, de Gus Van Sant, de Terrence Malick, de Nicolas Winding Refn, de Xavier Nolan... au cinéma, etc...

Le désordre ne s'exprime correctement que dans une forme rigoureuse et exemplaire.

Et je continuerai probablement toujours de mettre des guillemets à mes vacances, ceux qui les ouvrent le premier jour, ceux qui les ferment le dernier jour. Et tant qu'il m'en sera donné l'occasion, je regarderai ma série du jeudi diffusée par Arte vautré sur Hebus. La marginalité et l'excentricité, quand elles ne sont pas que stupides postures, nécessitent un ordonnancement qui ne supporte pas le "jour le jour" qui assèche toute forme de spontanéité, de créativité, vouées à une inflorescence harmonieuse (http://fr.wikipedia.org/wiki/Inflorescence) qu'elle soit déterminée, indéterminée ou composées.

Pseudanthe, euanthe... merci cher André Gide !

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