Un Tramway nommé Désir

60 ans !

Le 3 décembre 1947, la pièce de Tennessee Williams "A streetcar named desire" (Un Tramway nommé Désir), est joué pour la première fois à Broadway, sous la direction d'Elia Kazan. Dans le rôle principal, Marlon Brando fait un triomphe. Au moment de l'adapter au cinéma, en 1951, Elia Kazan fera de nouveau appel à  Marlon Brando. Trop sexuellement explicite, le film provoquera un scandale à sa sortie.

Nous voici 60 ans plus tard, et il faut bien admettre que face à la grande lessiveuse du puritanisme qui nous menace, le corps charnel de Marlon Brando, face à la folie naïve de Vivien Leigh, n'a pas perdu la moindre ride. Ce film n'a absolment rien perdu de son esprit subversif. Subversion n'est pas provocation. Etre subversif, c'est vouloir bousculer un ordre établi trop coinçé pour les jeunes et les excentriques assoiffés des libertés qu'on leur refuse.

Toute la sensualité que dégage Marlon Brando me semble complètement d'actualité, devant ces corps masculin contraints, serrés, épilés, déodorisés, féminisés qu'on voudrait nous contraindre d'avoir. Le corps de l'homme n'a pas à être, (et le corps de la femme non plus), corseté, et doit pouvoir laisser dégager sa part d'animalité, qu'elle soit délicate ou sauvage.

La pièce et le film sortaient le corps masculin de son costume, et le "libérait". C'est en cela que c'est un anniversaire important ! L'homme peut être beau comme un camion, mais c'est un tramway, et il s'apelle Désir.

En ça, réellement, "Un Tramway nommé Désir" n'a pas perdu une ride ! Nos libertés nous échappent ! Plus exactement, on nous les sappe !