Que de "Grenelle" !

N'en jetez plus, la coupe est pleine !

Chacun devrait lire et pouvoir lire shaque semaine "Le Canard Enchaîné". En effet, et particulièrement en ce moment, il y a de quoi rigoler. Enfin, rigoler, c'est une façon de parler, parce que les sarkozeries ne sont pas amusantes pour tout le monde. Le pire est qu'il fait des émules, notamment en ce qui concerne les Grenelle, que notre omniprésident a remis au goût du jour. Et "Le Canard Enchaîné" de les énumérer :

Grenelle du Centre proposé par André Santini ; Grenelle de la Presse proposé par Jacques Alexandre ; Grenelle du Football français proposé par le président du club de Valenciennes ; Grenelle du Rugby mondial proposé par les cadors de l'Ovalie ; Grenelle de l'Insertion proposé par Martin Hirsch ; Grenelle du pouvoir d'achat proposé par Ségolène Royal ; Grenelle de la fiscalité locale proposé par Sarkozy ; Grenelle de l'Audiovisuel proposé par Christine Albanel ; Grenelle de la Culture proposé par les employeurs du spectacle vivant (théâtre, danse, musique...) ; Grenelle de la Santé proposé par les industriels de la pharmacie pour améliorer la promotion du bon usage du médicament ; Grenelle de la Consommation proposé par Yves Galland (ancien ministre du Commerce Extérieur) ; Mini-Grenelle de la Gratuité proposé par le patron de la Fnac ; Génération Grenelle proposée par Raffarin pour les élections municipales.

Et pourtant, une bonne petite leçon d'une heure sur ce que furent réellement les Accords de Grenelle couperait vite l'envie à la plupart de ces gens de faire un Grenelle. Parce qu'actuellement, ce qui est remis en cause par la politique gouvernementale, ce sont notamment tous les types d'avancées sociales obtenues dans les difficiles luttes qui ont débouché sur les justement nommés Accords de Grenelle.

On ne peut pas à la fois cracher sur Mai 1968 et se référer continuellement à son premier bébé ! Cela n'a aucun sens.

Et la plupart des personnes sus-citées n'ont aucune envie de nous obtenir la moindre avancée. "Grenelle" n'est devenu qu'un mot, un slogan, une coquille vide, vidé de sa substance historique. Encore une fois, Guy Debord nous a enseigné, entre autres choses, ça : "La première intentention de la domination spectaculaire est de faire disparaître la connaissance historique en général".

En résumé, on assite à un immense et généralisé "Grenelle de la Poudre aux Yeux". En termes moins polis, on se fout de notre gueule.