La Fraternité.

Je considère comme une pensée majeure ce que Marguerite Duras pense des hommes, des mâles. (cf "La Vie Matérielle" évoqué précédemment). Les hommes. Au sens strictement masculin du terme. Je ne songe pas à redire ici en forcément moins bien ce qu'écrit Duras dans son livre.

Voilà des années et des années que je m'interroge sur les "valeurs". Y-a-t-il des valeurs féminines, et des valeurs masculines, un peu en marge de l'ensemble des valeurs humaines ? J'ai toujours ressenti, sans misogynie, la présence de valeurs sexuées. J'ai creusé, j'ai réfléchi, je me suis fait aider par la littérature, le cinématographe, et par les rencontres évidemment.

Et ce concept absolument majeur pour moi m'est apparu plus net, plus clair : la fraternité. Ce sentiment d'hommes, entre frères. Ce sentiment à mon sens exclusivement masculin. Ce concept salvateur qui lorsqu'on songe à ce que la nature humaine a de désarmant, de décourageant, d'inepte, nous redonne et confiance et espoir. Ce concept fondateur de la justicie sociale, de la gauche.

Je ne dis pas, et je ne dirai jamais, que la gent féminine est exempte de tout esprit charitable, de dévouement, et naturellement de sororité. Je dis simplement, et comme c'est difficile de le dire avec clarté, que la fraternité est absolument masculine. Je dis même que ça tombe sous le sens ! Chaque homme est capable de reconnaître en chaque homme une part de soi-même. Je le sais charnellement.

Duras a cette formule, issue d'une intuition : "Les hommes sont des homosexuels. Tous les hommes sont en puissance d'être des homosexuels, il ne leur manque que de le savoir, de rencontrer l'incident ou l'évidence qui le leur révélera. Les homosexuels le savent et le disent."

Je crois que la fraternité vient de là. Et ça me touche profondément. Il n'est pas besoin vivre l'acte sexuel avec un autre homme, il suffit de se savoir "en puissance d'être un homosexuel". La fraternité vient de là, je le sens, et je le sais. Ce qui pousse, au départ, les hommes à porter celui d'entre eux qui est blessé, c'est le désir.

La fraternité est l'avenir de l'homme.