Le Bac a 200 ans !
Notre fameux baccalauréat national doit-il disparaître ? On peut se poser la question, puisque ce bon vieux diplôme a désormais ses accusateurs et ses défenseurs, aussi virulents les uns que les autres. Ce diplôme, (qui remonte au Moyen Age et n'était qu'une sorte de licence uiversitaire), est devenu national le 17 mars 1808 avec Napoléon. Il devait garantir un solide niveau d'études secondaires aux futurs cadres de la nation. Je ne vais pas en faire l'historique, car il fut sérieusement modifié au fil du temps, en 1830, 1852, 1965, 1969, 1986 notamment, s'adaptant aux temps nouveaux.
En 1936, moins de 3% des élèves étaient reçus au baccalauréat. En 2006, ce sont 83,3% qui sont reçus. Et le débat éternel qui consiste à opposer démocratisation et baisse de niveau n'est pas terminé ! On peut juste constater qu'aujourd'hui le nombre de bacheliers n'est que le fruit d'une politique de quotas. Je ne me prononce pas sur cette démocratisation du diplôme. En revanche, je me félicite du fait que le plus grand nombre puisse avoir accès aux études, à une formation secondaire.
* Il faut aussi se demander : à quoi sert le baccalauréat aujourd'hui ? Le simple fait de le donner, comme on offre un laisser-passer pour l'Université où 60% des élèves échoueront en première année laisse dubitatif. L'Union Européenne considère que 50% des élèves devraient obtenir un diplôme du supérieur. En France, on a du mal à atteindre 37% !
* Le baccalauréat, sous la forme d'un immense examen national (très très coûteux) pourrait être remplacé sous forme de partiels avec des sujets nationaux, répartis sur la classe de première et la classe de terminale, selon certains. Cette suggestion est faite depuis longtemps par ceux qui voudraient le voir disparaître dans sa forme actuelle, et qui voudraient mieux préparer les élèves aux études universitaires.
* Une chose est certaine, il doit rester anonyme et national, sous peine de se retrouver avec des baccalauréats qui dépendront de la zone géographique où ils ont été obtenus : la panacée pour le bac parisien d'Henri IV, et le rebut pour le bac obtenu à Nanterre. Le bac anonyme et commun offre des garanties de neutralité, c'est évident. Un bac qui dépendrait de la réputation du lycée serait une horreur, une injustice géographique supplémentaire.
* On doit aussi considérer que lorsqu'on interroge les lycéens eux-mêmes, dans une très très large majorité ne souhaitent pas qu'on déboulonne cet examen ancestral. Nos lycéens aiment le baccalauréat ! C'est aussi à prendre en compte.
* Enfin, je souhaite terminer là dessus : le bac permet à toute une génération de vivre une expérience collective. Franchement, y-a-t-il tant d'expériences générationnelles collectives que ça en France pour qu'on décide de supprimer ce bon vieux bac deux fois centenaire ? L'Année du Bac, c'est aussi un temps, la fin d'une l'adolescence et le départ pour la seconde partie de la jeunesse. C'est un moment fondateur, presque mythique, au même titre que les révisions avec les copains. Une expérience COLLECTIVE ! Ce n'est pas rien. Une expérience qui met notre jeunesse "à la une" tous les ans !
Et me dire que le Bac ne sert à rien (si tant est que la formation générale ne serve à rien). Je me gausse de cette critique. Je reconnais que le bac n'est pas aujourd'hui adapté à tous. Mais on devrait pouvoir en adapter les contours et le diversifier encore davantage. Chacun a droit à la littérature, à la philosophie, aux langues étrangères, etc... Il est toujours temps de changer de voie estudiantine. Très proche de moi, puisqu'il s'agit de MisterNo, a décidé de passer un CAP en apprentissage avec une Licence de physique en poche. Oui, il a passé un CAP avec un Bac+3.
Je crois qu'il ne faut pas supprimer tous nos vieillards. Comme le veut l'air du temps, on peut bien le lifter un peu ce baccalauréat, mais il doit rester collectif, national et anonyme, et il restera un moment exceptionnel de visibilité pour la jeunesse, dans toute sa diversité. Et quelques années plus tard, un souvenir. Un moment précieux qu'on ne zappera pas, à un moment de l'histoire ou le mouvement et l'agitation voit tout disparaître du jour au lendemain.