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La Vie ChonChon
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27 janvier 2008

Ils étaient 23 !

Ex_cution_Joseph_Epstein

Au gré d'une promenade dans le XXème arrondissement, je passe par hasard par la Place Epstein, et ce nom me rappelle quelque chose, un événement historique relatif à la Deuxième Guerre Mondiale, mais je ne parviens pas le situer exactement.

Je me promets qu'en rentrant à la maison, je ferai ma petite recherche sur internet, histoire de me rafraîchir les idées, de raviver ma mémoire. Et c'est effectivement un moment passionnant de l'histoire de France que je redécouvre. J'espère que vous aussi, vous apprécierez ce moment d'histoire, qui nous rappelle que la frontière entre Résistance et Terrorisme est parfois très ténue.

Place_Joseph_Epstein

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
  Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
  Vingt et trois étrangers, et nos frères pourtant
  Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
  Vingt et trois qui criaient "LA FRANCE !" en s'abattant...  (Louis Aragon)

LE GROUPE MANOUCHIAN :
.Celestino Alfonso (espagnol) - Olga Bancic (roumaine) - Joseph Boczov (roumain) - Georges Cloarec (français) - Roger Rouxel (français) - Robert Witchitz (français) - Rino Della Negra (italien) - Spartaco Fontano (italien) - Césare Luccarini (italien) - Antoine Salvadori (italien) - Amédéo Usséglio (italien) - Thomas Elek (hongrois) - Emeric Glasz (hongrois) - Maurice Fingercwajg (polonais) - Jonas Geduldig (polonais) - Léon Goldberg (polonais) - Szlama Grzywacz (polonais) - Stanislas Kubacki (polonais) - Marcel Rayman (polonais) - Willy Szapiro (polonais) - Wolf Wajsbrot (polonais) - Arpen Lavitian (arménien) - Missak Manouchian (arménien)

Missak Manouchian:
Turc Arménien, né le ler septembre 1906 dans le village d'Adyaman, il a huit ans lorsque son père est tué par des militaires turcs au cours d'un massacre. Sa mère mourra de maladie, aggravée par la famine qui frappait la population arménienne.
Recueilli par une famille Kurde puis par une institution chrétienne, Missak Manouchian a 19 ans lorsqu'il arrive en France en 1925. Il se forme à la menuiserie, entre autres...

Poète, il fonde 2 revues littéraires : Tchank (Effort) puis Machagouyt (Culture), et fréquente les universités ouvrières créées par la CGT. En 1934, il adhère au Parti communiste et intègre ce qui allait devenir la M.O.I. (Main d'œuvre Ouvrière Immigrée) dans les mouvements clandestins de la Résistance française, avec les F.T.P. (Francs-Tireurs/Partisans). Il fut à la tête du Comité de secours à l'Arménie en 1937 et rédacteur du journal Zangou.

Redevenu ouvrier après la défaite de 1940, il reste responsable de la section arménienne de la MOI clandestine. Versé aux FTP de la MOI parisienne en 1943, il en prend la direction militaire en août, sous le commandement de Joseph Epstein. 22 hommes et une femme sont sous ses ordres, et mênent depuis fin 1942 dans Paris la guérilla contre les nazis :

UNE OPERATION ARMEE TOUS LES DEUX JOURS ! :

163 attentats en décembre 1941, des sabotages, des déraillements de trains... Ce groupe combat par tous les moyens les rafles de juifs et les opérations du S.T.O. En représailles, entre janvier et mars 1942, les services allemands arrêtent 57 militants de la section juive. Entre Mars et Juin 1943, la brigade spéciale vychiste arrête 71 militants sur 150 filés. Le 28 septembre 1943, le groupe Manouchian exécute Julius Ritter, général S.S. et bras droit de Fritz Sauckel, l'organisateur des rafles pour le S.T.O.

Lors d'un rendez-vous avec Joseph Epstein, le 16 novembre 1943, probablement trahi, il est suivi et arrêté par des policiers de Vichy en civil. Tous les groupes M.O.I. de Paris seront ensuite rapidement démantelés.

Toute la presse collaborationniste fut invitée au procès du groupe Manouchian et les services de Goebbels le filmèrent. Le but avoué de ces 3 jours de procès à grand spectacle était de monter l'opinion française contre les "terroristes étrangers"... La propagande nazie les désigna comme terroristes et criminels de droits communs... En réalité, une seule audience eut lieu, le vendredi 19 février, où le tribunal militaire les condamnera à mort. La presse déblatèra longuement (quatre jours de suite, et même jusqu'au mardi 23 février, soit deux jours après l'exécution des condamnés !)

L'ignominieuse et raciste "Affiche Rouge" fut placardée dans tout le pays. 8 Polonais, 5 Italiens, 3 Hongrois, 2 Arméniens, un Espagnol, une Roumaine... et trois Français (qui n'y figureront pas) composaient le groupe Manouchian. Neuf étaient juifs; tous communistes ou sympathisants.

La Résistance écrira "Morts pour la France" sous ces affiches.

Les 22 hommes furent fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Golda (Olga) Bancic, la résistante roumaine, fut décapitée le 10 mai, jour de ses 32 ans, à la hache, à Stuttgart.

CochonPleurant Ces temps anciens d'un terrorisme qui se voulait salvateur, sommes-nous certains qu'il est à jamais derrière nous ? Cette monstrueuse répression des étrangers activistes, sommes-nous certains qu'elle a réellement disparu ?

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