Elections à Dauphine...

Une liste de gauche à l'Université Paris Dauphine ? Toutes les élections sont importantes ! Pour moi et l'ensemble de mes collègues, voici arrivé le temps des élections professionnelles. Une université est régie par un Président, un Secrétaire Général, puis conseils : le Conseil d'Administration (CA), le Conseil Scientifique (CS), et le Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire (CEVU). Ce sont donc pour constituer nos 3 conseils que nous allons voter. Nous aimerions constituer une liste électorale qui serait une force d'opposition et de proposition non négligeable, mais ce n'est pas facile... Imaginez un peu le contexte : une université massivement de gestion et d'économie, où les brillantes disciplines que sont les mathématiques, l'informatique, la sociologie, la science politique se retrouvent en queue de peloton, quelle que soit leur niveau d'excellence. Pourquoi en queue de peloton ? Parce que c'est dans l'air du temps. Par exemple, à la télévision, lorsqu'on invite un intellectuel au journal TV, il faut savoir que 4 fois sur 10, c'est un économiste ou un gestionnaire ! Viennent ensuite les artistes, les écrivains, les philosophes, et au bout du bout du bout les mathématiciens et les informaticiens (malgré leur Bac+8 !). On se doute bien que les économistes et les gestionnaires fournissent une cohorte de gens de droite. Et comme l'université est dans le XVIème arrondissement de Paris, et qu'elle peine à recruter des étudiants modestes, ces derniers sont très majoritairement de droite aussi... "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"... J'ignore pourquoi je songe à cette citation de François Rabelais, si vieille déjà. Peut-être parce que je me demande si les économistes et les gestionnaires ont une conscience... Une de leur expression favorite n'est-elle pas : "sans états d'âme", surtout lorsqu'ils parlent de finances, de contexte social et de licenciements, de dividendes, d'actionnaires, etc... Sont à gauche donc, les "rogatons" de l'enseignement supérieur, ceux qui manient les concepts avec une aisance sans partage, principalement à Dauphine, les mathématiciens et les informaticiens. Ce n'est qu'une minuscule élection à l'échelle du monde, j'en conviens. Pourtant, n'est-ce pas un microcosme représentatif ? Un univers néo-libéral d'adultes, qui accueille une masse de jeunes sevrés de fric et de pipoles, avide d'un diplôme "réputé" qui leur garantira un boulot de trader, de gestionnaire de patrimoine où je ne sais quel emploi-titroir-caisse-qui-encule-bien-les-pauvres. Constituer une liste qui serait donc une force d'opposition et de proposition, dans un tel contexte (on dirait une mini-Sarkozie), face à un Président trop autocratique à mon sens, pourrait bien se révéler très instructif. Dauphine en eaux troubles... (Je tuerais pour un bon mot !) Suite au prochain épisode... Souvent, l'autoritaire, l'autocrate, se mue rapidement en autogire : il finit par tourner sur soi-même. Rien de brasse mieux l'air que l'autogire. C'est à cela que nous tâchons de nous tâchons de nous opposer. Comme bien des Français face à leur gouvernement.