Lycéens, étudiants, je vous aime !

Bravo ! En France, actuellement, il y a bien des raisons qui pourraient conduire les gens à descendre dans la rue, et ce même en cet hiver déjà rigoureux. Mais, contraints de courber l'échine, car il faut trop souvent travailler davantage pour se loger et se nourrir correctement, les classes populaires n'en sont pas encore au stade d'indignation qui pourrait conduire à une explosion de colère. Heureusement, si la sagesse est souvent l'apanage du vécu, la sève salvatrice émane de l'éclatante jeunesse qui n'entend pas se laisser brader pour la énième fois. Et cette jeunesse incessamment renouvelée, de se lever, et de se faire en quelque sorte nos porte-voix. Et même si c'est bien le sujet fondamental de nos sociétés modernes qui les anime, à savoir l'éducation, nous ne saurions nier qu'ils portent en eux tous nos espoirs déçus, nos colères rentrées, nos fatigues à lutter. Je leur sais personnellement gré de résister à leur façon, et d'user de leur énergie, encore et toujours, pour nous représenter dans leur opposition à un ministre très symbolique de ce gouvernement. Et cette jeune tête libertaire, loin d'être aussi idiote qu'on voudrait bien nous le laisser croire, épaulée par un corps enseignant exemplaire, soutenue par une ascendance solidaire, ravit mon coeur vieillissant. Vieillissant, mais palpitant. J'ai été fier, ô combien, de ma jeunesse et de ses combats, contre toutes les discriminations notamment. Je n'en demeure pas moins fier des jeunesses qui succédé à la mienne. Je leur souhaite de vivre les grands instants de "collectif" que j'ai eu la chance de vivre, à leur façon, aidant tantôt à lutter encore et toujours, contre le racisme, contre l'homophobie, contre les idées bourgeoises, contre une société aux idées vieillissante qui ne sait leur accorder la place qu'il faudrait. Je me rappelle "Les Choses de la Vie", un roman de Paul Guimard, où le héros, Pierre, alors qu'il pense qu'il va mourir dans sa quarantaine, lors d'un accident de voiture aux multiples tonneaux et que toute sa vile défile, se dit "... aujourd'hui, je saurais donner à mon corps d'adolescent toutes les délices qu'il méritait..." Parmi ces délices, je compte personnellement ces luttes collectives, qui n'avaient probablement qu'un mot d'ordre, toujours le même depuis des générations, presque inavoué parce qu'incompris et difficile à formuler : aimez-nous ! Ce à quoi je réponds, encore et toujours, à toute cette jeunesse libertaire - malgré ses goûts musicaux et cinématographiques souvent désastreux ;-) - je vous aime ! Mais j'ai envie de leur dire une seconde chose. Une grande partie d'entre eux deviendra, inéluctablement (?), une masse informe de vieux cons (l'horreur !), comme toutes les jeunesses passées. C'est à la petite part d'entre eux - dont je fis partie en mon temps - qui auront toujours la force de résister, que je dis avec le plus de force : je vous aime, et je vous aime ardemment !