Orange et Rose

L'élégance, sinon rien ! Orange Hermès et ose indien. Et toc ! La déferlante des publicités pour les marques, plus vulgaires les unes que les autres, laisse la place à ce qui s'apparente davantage à des "institutions" qu'à des "marques". "Le bon goût est l'ennemi de l'art" disait Picasso. Et je songe à toutes ces pauvres bourgeoises qui depuis des décennies honnissent les couleurs, et qui parmi les couleurs, n'auraient jamais osé la cohabitation de l'orange et du rose. Si mon blog est orange, ce n'est pas par passion subite pour le Modem de François Bayrou, mais bien en hommage à Hermès et à son carton recyclé orange de la guerre 1939-1945. Et ce carton recyclé, alors le seul disponible, n'a laissé sa place, depuis, à aucun autre emballage. Et j'aime cette distinction, cette élégance. Il y va de tout un savoir faire, qu'on retrouve en sa plus haute expression, chez Saint-Louis... le plus beau cristal du monde ! Par détestation pour la France, les USA ont dicté au monde entier la nouvelle façon de penser : aimer ce qui est italien. En effet, les viticulteurs français ont refusé de vendre leurs joyaux, dans le Bordelais comme en Bourgogne, aux riches Californiens. Au contraire des Italiens, qui ont accepté de solder la Toscane, et l'ont vendue pour quelques clopinettes... Le mariage de l'orange et du rose, c'est aussi ce que vient de choisir Veuve Clicquot Ponsardin. Une autre "institution" artisanale française, un savoir-faire et une exigence de qualité, chaque année salués dans le fameux "Guide du Champagne". Et cela me parait devoir être un magnifique pied-de-nez, d'une part au "bling-bling" italien désormais complètement dépassé (D&G, Gucci, Versace...) comme aux assauts du "maronnasse" et du "grisâtre" qui sied si bien à la bourgeoise... Certaines grandes maisons françaises se sont même laissées emporter par le flot envahissant de la fadeur internationale. Il y aura encore longtemps quelque chose d'effronté dans l'élégance. Un espèce d'irrévérence salutaire, qui porte selon moi, quelque chose de "politique". Ce sera toujours une de mes favorites marottes : j'aime le mauvais goût comme j'aime l'élégance. Je pense que l'un et l'autre sont parfaitement anti-bourgeois. Et c'est visible au quidam, tant dans les vitrines que sur les gens. Le mariage de l'orange et du rose, c'est comme les épousailles du violet et du vert grany : un impensé souhaitable, car salutaire !