Tubéreuse Criminelle

Mon plus beau cadeau. Il n'y a rien à faire, au milieu de tous les cadeaux, le plus joli présent que je puisse recevoir reste et demeure ce flacon de "Tubéreuse Criminelle", du parfumeur Serge Lutens. La perfection de la somptueuse fragrance, la simplicité du flacon, l'envoûtement qu'évoque le nom même du parfum... J'ai même la chance d'avoir un flacon personnalisé à mon "prénom", ChonChon, qui trône, qui règne, dans la salle de bain, au milieu d'une douzaine de vieux flacons vides. Ce ne pouvait être qu'une idée de MisterNo. Je ne me lasse pas, non seulement de mon parfum, mais surtout de tous les souvenirs parisiens qu'il évoque. Voilà des années que je signe chaque grand moment, chaque rendrez-vous, et plus simplement chaque douce écharpe de l'incroyable capiteux de ma Tubéreuse Criminelle. Ce parfum de parfumeur - et non pas de couturier ! - me donne l'impression de laisser dans mon sillage un autre moi-même, un reflet plus sidérant et plus imparable que son modeste original. Je deviens volute, je deviens volupté, je lève le menton, et j'anéantis toutes les fadeurs, sur ce bon vieux Boulevard de Gand (devenu boulevard des Italiens...), comme un dandy qui rejoindrait ses amis, les hommes aux vapeurs de Camélias, dans un début de XXème siècle annonçant les Aigles Foudroyées. Et sous mes pas de gandin, je sens les tremblement de toute une époque, je sens la fin tumultueuse d'un temps heureux, d'un temps qu'il nous faudra toute une vie pour l'évoquer. C'est tout ça, un flacon de Tubéreuse Criminelle. Car dans chaque cadeau de majesté, il y a le regard de l'autre posé sur soi. Au delà du geste, au delà de l'intention. Rien ne saurait équivaloir un cadeau qui s'évapore. Jamais.

Comments

[Gicerilla]

Vous en parlez fort bien et je reprends à mon compte beaucoup des sensations, des impressions que chez vous il suscite... Fascinant.