Contre le Mastige !

De la conséquence du Bling-Bling...

Mastige : Produit de masse haut de gamme (cf. le mot valise masse + prestige). Voilà donc un récent concept marketing, qui devrait bien aider les petites gens à voir leur pouvoir d'achat s'écorner toujours davantage. Il n'a pas été possible, car le mensonge était trop énorme, de faire croire durablement aux consommateurs que tout un chacun pourrait avoir accès au luxe. Car le luxe est inaccessible pour un grand nombre d'entre eux. La crise aura terminé d'enterrer ce débile concept.

D'autant que le luxe n'est pas simplement un étalage de marques clinquantes : c'est aussi un goût, une attitude, assez complexes. Par exemple, de plus en plus, l'opéra, le théâtre, la littérature... en résumé la culture, est considéré comme un luxe, alors que son prix n'est pas nécessairement très onéreux. Et donc il a fallu presque rassembler sous un concept nouveau toute une gamme de produits et de marques dans une espèce de produits intermédiaires, entre le produit de luxe et le produit de masse. Cela n'a pas été très difficile, les gens les plus vulgaires étant toujours les premières personnes à fustiger la vulgarité. Et la foule de s'engouffrer dans l'acquisition de logos plus que de produits. Croyant détenir le luxe, elle ne possédera qu'une litanie assez pitoyable de produits de "mastige", au premier rang desquels on retrouvera le parfum, la maroquinerie, et certains accessoires de mode, comme les écharpes.

Il est absolument évident que c'est là une des conséquences premières de l'attitude Bling-Bling portée en étendard par Sarkozy, Dati, et quelques autres (la pipolisation aide). Ce besoin de "Mastige" a inévitablement deux conséquences majeures : la pulsion consommatrice de certaines personnes et l'amoindrissement du pouvoir d'achat de personnes en difficultés. Libre à ces personnes, me direz-vous, de ne pas céder à l'obsession de posséder des produits de marque. Sauf que la mercatique est bien faite, et qu'elle exerce une espèce de pression sociale sur les plus cérébralement anéantis : ne point acheter, c'est ne point avoir, et ne point avoir, c'est ne point être. Je ne suis pas fataliste.

D'autre que que moi sauront comprendre qu'en cette période difficile, il faut savoir laisser un certain luxe où il est, dans les vitrines, et qu'il ne saurait en aucun cas être remplacé par des ersatz.