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La Vie ChonChon
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25 février 2009

Boy A

Boy_AImpossible rédemption ?

A 24 ans, Jack sort de prison où il a passé toute son adolescence pour un meurtre qu'il a commis lorsqu'il était enfant. Dès sa libération, Terry, assistant social, l'emmène le plus loin possible de ce scandale encore présent dans tous les esprits. Terry lui donne un autre nom, lui trouve un travail, une maison. Dans cette ville d'Angleterre qu'il ne connaît pas, Jack se construit une nouvelle vie à laquelle il tente de se tenir. Mais si l'anonymat est un répit, il est aussi une douloureuse contrainte puisque Jack ne peut révéler à ses nouveaux collègues ou amis, et à la fille dont il tombe amoureux, la vraie nature de son passé. Jusqu'au jour où, par hasard, Jack devient un héros local et que sa photo apparaît à la une des quotidiens...

John Crowley nous livre ici, à 39 ans, son deuxième film après "Intermission" en 2003 (avec Colin Farrell et le génial Colm Meaney), sur un sujet très délicat, dont la Grande Bretagne sait meubler ses tabloïds. Est-on pardonné, alors qu'on a effectué sa peine de prison. Il convoque à cet effet deux jeunes acteurs issus de séries TV, Andrew Garfiel et Katie Lyons, dont le jeu tout en retenue est très délicat.

Mais pour guider le film, il fait appel à l'excellent Peter Mullan, acteur-réalisateur écossais à la filmographie impressionnante : notamment "My name is Joe", "Trainspotting", "Redemption", "Mauvaise Passe", "Une Belle Journée" devant la caméra ; "Orphans" et "The Magdalene Sisters" derrière. Fidèle à la réputation qui le précède, Peter Mullan est parfait.

Le scénario de "Boy A" est assez bien ficelé, même si ses ficelles s'épaississent un peu trop vers la fin. Reste que tout l'univers "middle class" britannique est bien relaté ; que les tourments de Jack sont très bien analysés et retranscrits sur l'écran.

Côté mise en scène, il est évident que John Crowley est talentueux, surtout lorsqu'il filme une longue soirée au pub local puis en boîte de nuit, où l'acteur ébauche une danse saccadée, filmée avec virtuosité. Nombreux et judicieux sont les jeux de miroirs dans le films, évoquant l'ancienne identité perdue, et la nouvelle à conquérir pour Jack, qui sait qu'il ne souhaite pour rien au monde redevenir celui qu'il a été, mais qui peine à construire celui qu'il lui faudra être. Tel un homme en fuite, entre ces deux identités, la mise en scène envisage efficacement une sorte de schizophrénie et de paranoïa.

Cet aspect du film est très intéressant. Dans son souci de rigueur et de pudeur - et c'est logique avec un tel sujet, la rédemption d'un ancien pré-adolescent meurtrier devenu adulte qui a payé sa peine - on frise parfois un maniérisme qui n'est pas justifié. Mais le sujet est suffisamment intéressant pour que l'on parvienne à passer outre ce léger excès de stylisme.

La justice est capable de quantifier une peine pénale, mais la population - aidée des journaux à scandales et des caniveaux de l'internet - n'est pas si sereine, taraudée par des soifs de loi du talion. Pourtant, punir n'est pas anéantir. Le constat est triste, mais il me semble qu'il est exact. Trop encore confondent justice et vengeance.

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