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26 février 2009

Père perdu pour France égarée ?

Chirac_P_re_PerduRegrettons-nous ?

Nombreuses sont les "enquêtes d'opinion" et les "sondages" - avec leur cortège de réserves que l'on peut émettre à leur sujet - qui nous confirment la baisse de popularité de Nicolas Sarkozy comme de son gouvernement. Je crois qu'il n'y a pas lieu de s'en étonner, face au fait politique, comme face à la simple constatation du temps écoulé depuis qu'il sont là : presque deux ans.

Un élément accentue probablement ce désamour - si l'on veut bien sortir un instant de l'action politique à proprement parler - c'est le fait que Nicolas Sarkozy est anxiogène. Toute cette agitation, ces tirades quotidiennes pour remédier à nos difficultés, ces vexations ressenties par certains pouvoirs étrangers, alors même que les Français aiment que la France "tienne son rang".

Président de la République Française, c'est une fonction, mais n'en déplaise, c'est aussi et surtout un symbole. A l'étranger pour représenter notre force, notre prestige, notre culture, etc... mais aussi sur le territoire national. Nous sommes le peuple qui a été son "père" le roi, et nous avons souvent élu à la Présidence de la République un substitut à ce père perdu. On peut en penser ce qu'on veut, ça n'a guère d'importance, mais depuis De Gaulle jusqu'à Chirac, pour n'évoquer que notre histoire récente, nous avons souvent placé à l'Elysée des figures paternelles, Giscard d'Estaing étant l'exception confirmant la règle. Il est évident que Nicolas Sarkozy, évidemment de par son âge, mais aussi de part son attitude, confirme une rupture.

Est-ce la publicité qui a fini de nous aliéner et nous a finalement convaincu que le souffle et le renouveau viendrait, non pas des idées renouvelées, mais de l'âge du nouveau président, nous faisant céder sottement à la frénésie de jeunisme qui s'opère dans presque toutes les strates de la société et dans tous les domaines ? Et à peine deux ans après, ces fameuses "enquêtes d'opinion" et divers "sondages" de nous montrer qu'un homme voit sa popularité aller grandissant, frisant même l'incompréhensible score de Kouchner : Jacques Chirac, ainsi que vous l'indiquait l'illustration de cette chronique. Mais en la matière, s'agit-il de l'image sympathique de l'homme (quoiqu'on puisse en penser, il est sympathique), ou s'agit-il du symbole qu'il représente ? Je ne suis pas "freudien", loin s'en faut.

Maintenant, je me demande si ce n'est pas une sorte de "figure paternelle rassurante" que salue cette constante et tranquille montée de Jacques Chirac dans le coeur de bien des Français. Je n'ignore pas qu'on a tendance à idéaliser le passé ; je n'ignore pas non plus que face à Sarkozy, par simple comparaison nous en viendrions presque à aimer Raffarin (c'est dire !) ; je sais surtout que nous ne sommes jamais défaits de nos consciences trop longuement.

Cette élection de Nicolas Sarkozy en mai 2007 (quelles qu'en furent les raisons, quoiqu'on puisse penser de Ségolène Royal) n'est-elle pas vécue aujourd'hui par un grand nombre de ses électeurs, comme "un moment d'égarement", une folie passagère ? Auraient-ils voté pour l'amusant et énergique cousin, aussi primesautier qu'un cabri corse, le temps d'une distraction, parce que la mode voulait qu'il en fût ainsi, alors que depuis si longtemps, c'est un père bienveillant qui nous protégerait le mieux ?

J'avais écrit, et je m'en souviens parfaitement, une petite chronique pour expliquer pourquoi, selon moi, Ségolène Royal était l'homme du scrutin de 2007, et que Nicolas Sarkozy n'en était qu'une pin-up médiatisée, venue d'une triste émission de télé-réalité dont on nous gargarisait à l'époque, et qui gagnerait cette foutue élection ! Toujours est-il que plus rationnellement, faute probablement d'autres références, c'est aujourd'hui vers Jacques Chirac que se tournent des regards embués, tout à leurs regrets. La bière et la tête de veau étaient probablement plus digestes que les Rolex, les talonnettes et les costumes mal taillés.

Un "père perdu" qui reviendrait et nous servirait, au temps des assiettes vides, une bière et de la tête de veau...

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