Chacun sa queue !

La queue qui grossit, qui grossit... Non, ce ne sera pas une chronique sur les bienfaits de l'érection et des délices sexuelles qui peuvent en découler. Il s'agit de cette triste queue devant tous les "Pôles Emploi" de France... Moins affriolant. => On nous rabâche qu'une des conséquences majeures de la crise, c'est l'augmentation du chômage. Sauf que, aucun économiste sérieux ne consent à dire que la totalité de ces nouveaux chômeurs a perdu son emploi à cause de la crise ! Selon les analyses, ce sont entre 40% et 60% d'entre eux qui sont victimes de "licenciements préventifs". Charmant patronat qui profite de la crise pour lourder une partie de ses salariés, préventivement, afin que les cours de la Bourse, comme les dividendes à venir ne soient trop amputés. Je sais, je sais... il ne faut jamais généraliser ! Ce que je ne fais pas, et que je me garde bien de faire : cette pratique ne concerne évidemment pas l'ensemble des patrons, mais cette pratique existe, et c'est en soi déjà suffisamment odieux. => Chacun voudrait sortir de son chapeau l'idée qui permettrait de résorber ce chômage grandissant. Sauf à parler de PARTAGE du travail, puisque c'est un gros mot par les temps qui courent. Et voilà que revient cette rengaine : faire passer la TVA collectée par les restaurateurs de 19,60% à 5,50%, parce que cela aidera l'emploi. Qu'elle est bonne celle-là ! Pas un économiste, pas plus que de restaurateurs, n'envisagent d'embauches dans le secteur. C'est juste, en passant, un petit cadeau accordé à des électeurs fidèles de l'UMP. A la veille des élections européennes, on comprend un tel geste. Cynique. Et d'autant plus cynique que les restaurateurs (et je ne généralise pas non plus, c'est simplement une donnée), outre les entrepreneurs du bâtiment, sont les champions toutes catégories de l'embauche en catimini de sans-papiers, de pauvres réfugiés corvéables à merci dans les cuisines et les arrière-cuisines. N'est-ce pas touchant ? => Faudra-t-il donc le dire et le redire, le seriner en une sempiternelle litanie ? Le partage du travail est une des solutions les plus efficaces pour lutter contre le chômage (et je ne dis pas que c'est la solution miracle, je dis "une des solutions"). Le néant idéologique qui consiste à faire croire que les 35 heures sont le diable et que les heures supplémentaires sont la panacée reste une abomination. On ne saurait gouverner aujourd'hui avec des théories économiques anglo-saxonnes qui datent du XIXème siècle, toutes signataires d'un libéralisme et d'un capitalisme dont on connaît et mesure parfaitement aujourd'hui les ravages. "Renouveler le logiciel..." écrirait la mauvaise presse. => Que n'écoute-t-on totalement, ici en France, ce que préconisent les derniers Prix Nobel d'économie ? Lorsqu'il s'agit de partager l'eau, l'air pur, les médicaments, l'environnement, la bio-diversité, l'énergie... il est toujours une intéressante proportion de la population pour admettre, voire comprendre, qu'il y a urgente nécessité à partager ces "biens" essentiels. Dès qu'il s'agit du travail, c'est chacun sa queue : à Moi celle de la porte de Mon entreprise de Mon patron, à toi celle du Pôle-Emploi. => Le riche sera toujours aux soldes de Gucci, à la porte des boîtes de nuit de David Guetta, etc... Le pauvre ira chez ED, à la soupe populaire, au pôle emploi, et désespérément battra le pavé. Après la lutte des classes, la lutte des queues ?