Rachel se marie.

Abîme familial. Lorsque, à l'occasion du mariage de sa soeur Rachel, Kym revient dans la maison de son enfance, elle replonge aussitôt dans une longue tradition familiale de crises et de conflits. Alors que s'annonce un week-end de fête, Kym, avec son esprit acéré et son don pour sortir les cadavres des placards, va faire exploser les faux-semblants pour enfin révéler au grand jour tout ce qui mine sa famille depuis si longtemps... Je ne tiens pas Jonathan Demme pour un très grand réalisateur, même si évidemment, j'accorde du crédit à "Dangereuse sous tout rapport" (1986), au surestimé "Philadelphia" (1993), et surtout à ce qui reste son meilleur film, "Le Silence des Agneaux (1991). "Rachel se marie" a été écrit par Jenny Lumet, la fille du grand réalisateur Sidney Lumet. Il est évident qu'il avait là matière à faire un film intéressant. Mais même si Jonathan Demme parvient à fimer au plus près ses personnages, et s'il parvient à dessiner une émotion qui va crescendo, son film n'est pas très abouti. Les deux soeurs sont incarnées par Anne Hathaway (Kym) et Rosemarie DeWitt (Rachel). La première effectue certes une "performance", qui lui a valu une nomination aux Oscars, mais la "performance" n'est pas ma tasse de thé. Découverte dans "Brokeback Mountain", elle parvient à se glisser dans le casting de blockbusters hollywoodiens, comme "Le Diable s'habille en Prada" et "Meilleure ennemie", mais qui à mes yeux sont assez mauvais. Ici, on dirait qu'elle endosse un rôle qu'aurait refusée une Winona Ryder lasse des crises post-adolescente. La seconde joue plus en finesse la soeur aînée, un rôle plus âpre, mais tout aussi caricatural. Elle est plus discrète, pour le moment, mais on parler reparler d'elle prochainement, puisqu'elle figure au milieu de la distribution de "The Company Man", aux côtés notamment de Ben Affleck, Kevin Kostner, Tommy Lee Jones et Chris Cooper. Il me semble qu'elle dispose du talent qui lui permettrait de faire une intéressante carrière si elle parvient à bien choisir ses rôles. Les autres personnages du films sont soit inexistants (la belle-mère, le marié), soit caricaturaux (le père, la meilleure amie de la mariée). Et tout cela contribue à faire un film assez indigeste, en dépit, encore une fois, d'une caméra fluide et proche des personnages. Au bout du compte, ce qui gène le plus, c'est l'impression d'avoir vu une sorte de mauvais "Festen" (Thomas Vinterberg, 1998), réécrit par une adolescente qui essaie bien péniblement de remettre ce chef d'oeuvre danois à la sauce américaine. Avec plus de dix ans de retard.