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27 avril 2009

Le marin et l'ouvrier

Marin_et_OuvrierIcônes prolétaires. Je traîne souvent mes guêtres dans diverses expositions, par intérêt bien évidemment, mais aussi parce que je dispose d'une carte qui me permet d'y accéder gratuitement, ce qui facilite beaucoup les choses. Alors évidemment, je me promène beaucoup au Louvre, au Musée d'Orsay et à Beaubourg. Or, il m'apparaît que les figures prolétariennes apparaissent beaucoup en peinture au XIXème siècle (avant, histoire économique se faisant, outres les figures religieuses, aristocratiques ou bourgeoises, c'est plutôt un éloge au monde paysan que l'on peut admirer) il n'en est plus de même au XXème siècle. Certes, la peinture russe a beaucoup mis en avant le prolétaire, mais probablement surtout à des fins de propagande plutôt qu'à des fins purement artistiques. La photographie connut elle aussi peu à peu l'éviction du prolétaire au fil du temps. L'ouvrier apparaît parfois, mais plutôt en contrepoint de la machine (locomotive, rotative, etc). Cependant, il est un "créneau" artistique où l'ouvrier fut assez constamment représenté : la peinture et la photographie 'homo-érotiques", tout au long du XIXème et du XXème siècle. Et cela m'interpelle et m'interroge. S'agit-il dans l'oeil du peintre ou du photographe d'un simple regard bourgeois figurant son fantasme à s'encanailler, ou s'agit-il aussi d'une admiration sincère devant le corps prolétarien à l'ouvrage ? Un mélange des deux probablement. Le cinéma n'échappe pas à cette règle, et accorde peu droit de cité à la figure prolétarienne. Et pourtant, l'usine, la mine, le chantier, milieux de travail peu enviables, furent à mon sens des endroits majeurs de l'histoire de notre société, notamment en ce qui concerne une de mes marottes, la Fraternité. Ces lieux de travail ont accueilli un grand nombre d'étrangers, et surtout, ont été de formidables vecteurs d'intégration (notamment via les syndicats et les luttes syndicales) et donc de Fraternité. Bruce Weber, Herb Ritts, Pierre & Gilles notamment, ne sont-ils que des nostalgiques relatant des fantasmes désuets (pas nécessairement les leurs !), ou sont-ils au contraire autant "d'avant-gardistes" qui nous rappellent que nous ne devons en aucun cas chasser l'ouvrier de nos imaginaires collectifs, parce que la Fraternité reste à construire ? Si ces interrogations me viennent à l'esprit, ce n'est pas tant dans un cadre artistique que dans un cadre social. Je songe en effet à tous ces licenciements, à la harangue de Ségolène Royal, aux manifestations, au 1er mai, à l'essai de Régis Debray... L'Art est politique, éminemment politique, et la relative disparition de la figure prolétaire dans ses diverses représentations, n'échappe pas à la règle. Au delà, "l'homo-érotisme" est peut-être aussi, très politique.
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