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La Vie ChonChon
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2 mai 2009

La femme sans tête

La_femme_sans_t_teHors de sa propre vie. Veronica est au volant de sa voiture quand, dans un moment de distraction, elle heurte quelque chose. Les jours suivants, elle semble disparaître, doucement étrangère aux choses et aux personnes qui l'entourent. Subitement, elle avoue à son mari qu'elle a tué quelqu'un sur la route. Ils retournent ensemble sur les lieux de l'accident mais n'y découvrent que le cadavre d'un chien. Alors que ce mauvais épisode parait clos et que la vie reprend son cours, un cadavre semble découvert au fond du canal bordant la route... Lucrecia Martel est une jeune réalisatrice d'Argentine, qui continue de dresser le portrait actuel de son pays. Après "La Cienaga" en 2001, et "La nina santa" en 2004", voici son troisième long métrage, sensuel et cérébral. C'est derrière des conversations anodines et familières que la réalisatrice esquisse le portrait de la bourgeoisie argentine, qui semble un peu hors du temps, et surtout, des remous politiques du pays. Et le portrait de Veronica, magistralement incarnée par Maria Onetto, qui semble peu à peu s'éloigner de sa propre vie, paraissant parfois même en être totalement totalement absente, comme si rien ne se passait, est comme le symbole de cette bourgeoisie, qui même durant les pires moments de l'histoire du pays (la dictature), semble s'être tenue en retrait. Au delà, à la fois plus intime et plus universel, le détachement de Veronica nous rappelle que parfois nous nous échappons de notre propre vie, comme elle nous échappe aussi. Et si le film peut sembler un peu théorique et complexe, un peu difficile d'accès, il faut accepter de lâcher prise, et se laisser errer. Une perte des repères habituels, une incertitude qui conduit au point qu'on ne se reconnaît plus soi-même, qui sème un trouble aussi perturbant qu'un vertige. Parfois, la volonté d'oublier - probablement ici oublier la dictature - vous envahit malgré vous, presque au point de vous procurer cette étrange sensation d'effacement. On n'efface pas l'Histoire. Un film que j'ai trouvé singulier et passionnant.
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