Soeur Sourire

Jeannine Deckers. Bon, je ne vous le cache pas, c'est surtout sur le nom de Cécile de France que je suis allé voir ce film. C'est aussi parce qu'il s'agit d'un film belge, et que j'aime le cinéma belge. Jeannine Deckers, alias Soeur Sourire, est devenue un mythe international avec ses deux millions d'albums vendus en 1963 et cette chanson Dominique, qui a plané au-dessus des Beatles ou d'Elvis Presley dans les hit-parades du monde entier. Mais qui était réellement Soeur Sourire ? Le récit bouleversant d'une femme touchante, pleine de doutes et d'enthousiasme, en quête de l'amour... Jeanne-Paule Marie Deckers est née en 1933 en Belgique, Soeur Sourire ou Soeur Luc-Gabriel, de son vrai nom Jeanne-Paule Marie Deckers est une religieuse entrée chez les dominicaines en 1959. A l'origine de quelques compositions musicales, elle signe un contrat avec Philips sous le pseudonyme qu'on lui connait et fait face à un succès mondial en 1963 avec sa chanson "Dominique". Après avoir quitté les ordres, elle continue à s'intéresser à la théologie à sa manière et connaît dans le monde musical un succès beaucoup plus modeste. En 1985, rattrapée par le fisc belge et abandonnée de tous, elle finit par se suicider de désespoir avec sa compagne. Un projet de longue date : intéressée par ce "biopic" sur la vie de Jeannine Deckers depuis plus de sept ans, Cécile de France avait déjà donné son aval au producteur Jan van Raemdonck, qui n'a pas réussi à mener à terme le projet pour des questions de financements. C'est grâce à l'intervention du producteur Eric Heumann (grâce à Eddy Mitchell) que le film a finalement pu se faire. Que dire ? C'est un film sympathique, qui se regarde sans aucun déplaisir, ce qui reste une prouesse tant les "biopics" francophones sont indigestes ! Ici, on est aux antipodes du désastreux et indigeste "La Môme", et Cécile de France porte sa Soeur Sourire avec entrain et légèreté, la présentant probablement plus sympathique que la vraie, sans en effacer pour autant le sale caractère. Elle est accompagnée par la délicieuse Sandrine Blancke, qui interprète tout en discrétion son amie Annie, et par l'acteur génial - comme beaucoup d'acteurs belges - Jan Decleir. A propos de ce dernier, je voudrais dire qu'il faut absolument le voir dans "La mémoire du tueur" de Erick van Looy (2004) où il déploie toute sa géniale démesure. Et les apparitions de Tsilla Chelton sont délicatement malicieuses. Un film bien fichu, simple dans le meilleur sens du terme, qui n'accumule pas de défauts majeurs, porté par une actrice des plus charmantes (et quand on a joué en 2006 dans l'excellent "Mon Colonel" de Laurent Herbiet, on n'est pas une bille !), tout à fait convaincante, qui ne se livre pas vulgairement à la "performance", redonnant vie à cette femme méconnue. Voilà qui ne marquera pas l'histoire de cinéma, certes, mais qui demeure sympathique et intéressant (notamment sur les carcans du début des années 1960). Une petite réserve : j'aurais aimé que la descente aux enfers, la seconde partie du film, soit plus étoffée.