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15 juin 2009

Une manifestation de trop ?

Manifestation_090613 Samedi 13 juin 2009 En sortant du cinéma du Forum des Halles à Paris, ce samedi, je me suis résolu à aller Place de la Bastille, pour rejoindre la manifestation organisée par une intersyndicale unie. J'étais bien conscient qu'il ne fallait pas s'attendre à un succès, ne serait-ce que relatif. Mais je suis convaincu de la nécessité qu'il y a de résister et de manifester le désarroi devant l'absence presque totale de relance sociale proposée par le gouvernement Fillon. Cela me donne aussi l'occasion de "sentir" la désespérance des salariés licenciés sur l'hypothétique autel de la crise économique, sur le plus réaliste autel des mesures préventives et des délocalisations. Certains encaissent la crise de plein fouet, tandis que d'autres anticipent déjà la reprise. Je ne suis pas de ces autres-là, je n'en ai pas les moyens. Je ne vois plus guère d'enseignants, de chercheurs, de médecins, d'intellectuels. Je vois des prolétaires. L'avantage de ce défilé parsemé, c'est qu'il peut aller de La Bastille à Montparnasse en deux heures. Sous un soleil radieux. Mais c'est une toute petite consolation. Habituellement, je rencontre des personnes que je connais. Là, je n'ai croisé presque personne. Objectivement, on sent la lassitude, la fatigue. On pense aux vacances qu'on sait déjà ratées. Chacun comprend, quels que soient les propos tenus par les Ministres et le Président, le mépris, et même la satisfaction qu'ils ont à regarder ce défilé aussi parsemé qu'un vieux chien à l'agonie. C'est ainsi, on peut désormais se réjouir du désarroi, et parfois du désespoir, d'une partie de la population. Chacun comprend que dès lundi sortiront de divers chapeaux des idées de mesures toujours moins sociales. Chacun espère peut-être une rentrée, en septembre ou en octobre, assez virulente, pour faire front, pour défendre des idéaux, pour sauver sa peau. Mais surtout chacun se sent presque tamponné d'une espèce d'indignité de ne pas avoir voulu voter pour un parti majoritaire arrogant, de ne pas avoir su à quel parti se vouer dans une opposition en lambeaux, d'avoir cédé à la couleur de l'espérance pour ne pas être outragé davantage. Alors non, ce ne fut pas une manifestation de trop. Voir un peuple cesser d'agonir pour agoniser reste une page très lourde à tourner, mais reste aussi un fumier à contempler, dont nécessairement, un jour, jailliront des forces mésestimées. Tant qu'il agonise, il n'est pas mort.
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