Bancs Publics, (Versailles Rive Droite)

Les petits tourbillons de la vie. Lucie arrive à son BUREAU et découvre, accrochée sous une fenêtre de l'immeuble d'en face, une banderole noire avec écrit : "homme seul". Est-ce un gag, un cri du coeur, un appel au secours ? Lucie et ses deux collègues s'interrogent et décident de mener leur enquête... A midi, elles pique-niquent à côté, au "SQUARE DES FRANCINE". Là, les amoureux graves, les solitaires enjoués, joueurs de tous âges, tournent autour du joyeux jet d'eau. La ronde continue en face, au magasin "BRICO-DREAM" où, sous les conseils plus ou moins compétents d'une équipe de vendeurs en sur-effectif, les clients calculent, échafaudent, tendus, angoissés, ayant peur de repartir avec des étagères trop courtes, des vis trop longues... A la fin du jour, aurons-nous croisé l"'homme seul" parmi la multitude de ces personnages affairés ? Voici donc enfin le dernier opus de la trilogie versaillaise des Frères Podalydès. Et on est heureux de retrouver leur petite musique. Devant cette comédie sociologique chorale (ou pléthore de comédiens français s'amusent à jouer les monsieur et madame tout-le-monde"), qui fait cohabiter la comédie de situation, la comédie de moeurs, et la comédie de société. Et dans chacun de ces trois lieux, le bureau, le square, le magasin de bricolage, on assiste à des scènes désopilantes, quoique... On passe vite de l'humour à l'absurde, puis de l'absurde au malaise, dans tout bon cinéma burlesque. Car si la satire du bic-à-brac de nos vies est très amusante, elle décrit aussi l'inconfort de la modernité, et la minuscule place qui nous est accordée dans l'immense théâtre de l'absurde où se "jouent" nos vies. Et l'on pourrait voir et revoir ce film, et y découvrir à chaque fois un petit détail qui n'a pas échappé aux Frères Podalydès. C'est parfois très touchant aussi. Les innombrables dialogues fusent, plus ou moins bien servis selon les interprètes. Pour ma part, j'ai une préférence pour les scènes au "bureau" et au "magasin de bricolage", trouvant les scènes au square un peu en deçà de l'ensemble, peut-être parce que plus romantique. Mais je voudrais souligner la qualité de la mise en scène, et notamment cette longue scène d'ouverture dans les transports en communs, où Lucie fait son trajet quotidien depuis son domicile jusqu'à son travail. Cette idée de trajet, de parcours filmé dans le train, le RER, le métro, où le réalisateur nous montre la partie de nous-mêmes que nous quittons chaque jour en allant travailler, est une excellent idée. Comme s'il y a avait, dans la vie comme au théâtre, le côté cour, le côté jardin. Dans l'ensemble des production françaises, il est évident que "Bancs Publics" s'inscrit parmi ce qu'il y a de meilleur, parce qu'il s'agit d'une comédie sociale, certes, mais aigre-douce, qui ne manque ni de fantaisie, ni de désenchantement.