Parque Via

Servitude Sociale. Beto est le gardien d'une maison à Mexico, restée vide depuis plusieurs années, dans laquelle il a longtemps travaillé comme domestique. La solitude des dix dernières années, la monotonie et la routine de son travail l'ont incité à mener une vie recluse, qui pourrait sembler étouffante, mais lui fournit un environnement sûr et stable, contrairement au monde extérieur menaçant. Il a développé une crainte pathologique de l'extérieur, au point de limiter ses contacts à deux seules personnes : la propriétaire de la maison, pour qui il a un sentiment de gratitude et de respect profond qui se traduit par un lien d'obéissance ; et Lupe, une amie, à la fois sa confidente et maîtresse. La maison devant être vendue, Beto se demande s'il va à nouveau devoir se confronter au monde extérieur ou s'il va trouver une solution pour rester dans son isolement. Ce premier film du jeune mexicain Enrique Rivero est très prometteur, car très maîtrisé. Formellement, c'est très abouti, impeccable. La maîtrise du style est très impressionnante, et il faudra suivre de près ce jeune réalisateur du Maxique, où le renouveau cinématographique ne cesse de nous montrer des signes intéressants. A partir d'un fait divers ordinaire, on est plongé dans un univers captivant, même si dans la vie de Beto, il ne se passe presque rien, en dehors de son rendez-vous hebdomadaire avec une prostituée, et de son rendez-vous mensuel avec la propriétaire de la villa dont il a la garde en attendant sa vente. On sent la préoccupation sociale du réalisateur, donnant au film toute sa noirceur, pour décrire une espèce d'aliénation, de servitude, qui confine au surréalisme. Tout est froid, comme une vie désespérément vide, mise en retrait de la vie, d'abord contraint, enfin presque revendiqué. C'est très impressionnant. J'ai déjà vu Nolberto Coria (Beto) dans un film, mais je n'arrive pas à me souvenir duquel... Toujours est-il que sa présence est très forte, et qu'il restitue à merveille toute la résignation d'une vie confinée aux gestes répétitifs et à l'enfermement. Un film hors de tout ce qu'on peut voir, mais captivant, presque envoûtant.