Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Vie ChonChon
La Vie ChonChon
Derniers commentaires
Archives
30 août 2009

Ordinary People

Ordinary_PeopleLa banalité du mal.

Tôt le matin. Un bus avec sept soldats roule vers une destination inconnue. Parmi les passagers se trouve Dzoni, un jeune homme de vingt ans. Il est nouveau dans cette brigade qu'il a du mal à intégrer. Le bus arrive devant une ferme abandonnée entourée d'un champ. Dzoni, inquiet par le mystère de leur mission, essaie de savoir ce qu'on attend d'eux. Pas de réponse. L'attente commence, dans un champ brûlé par le soleil.
Un bus s'approche, transportant des hommes blottis les uns contre les autres. Le commandant de l'unité explique à ses recrues que ces prisonniers sont les ennemis. Le groupe des sept soldats désoeuvrés qui meublaient tant bien que mal l'angoisse de l'attente, pressentent qu'ils vont bientôt passer à l'action...

Le jeune réalisateur serbe (33 ans) Vladimir Perisic nous présente ici un film de guerre, dépouillé de tous les poncifs du genre, sobre, glacial et distancié. Et ça n'en est que plus effrayant.

En choisissant l'abstraction, il met en avant l'obéissance aveugle, la soumission à la barbarie de certains soldats, pour mieux faire apparaître la banalité du mal.  La répétition de la violence contenue, en temps réel et en pleine lumière permet au film de montrer la vie d'exécuteur ordinaire, et d'avoir une résonance universelle.

A la dissection des rouages de la violence, Vladimir Perisic oppose un manifeste de désobéissance qui ébranle le spectateur. On songe à Hannah Arendt et à la "banalité du mal". On pense à Stanley Milgram et son étude de psychologie expérimentale sur l'obéissance à l'autorité qui incitait les gens à faire subir à d'autres des décharges électriques. On se rappelle l'expérience imaginée par Philip Zimbardo qui proposait à des étudiants lamda de jouer le rôle de gardiens et de prisonniers dans un univers carcéral facticeet qui a notamment montré que les gardiens amateurs faisaient vite preuve de sadisme. C'est passionnant.

Dzoni, le jeune héros, excellemment interprété par Relja Popovic, comprend trop tard que ses actes lui appartiennent. C'est le choc de son obéissance qui provoque sa désobéissance. Ce choc lui devient évident quand il regarde l'ampoule qu'il a sur la paume de sa main (à force d'exécuter des ennemis), qui lui montre l'horreur de ce qu'il a vu et de ce qu'il a fait, dans un plan final édifiant.

Un belle réflexion sur la liberté de dire "non". A voir.

Publicité
Commentaires
La Vie ChonChon
Publicité
Publicité