Démineurs

Addiction à la guerre.

Bagdad. Le lieutenant James est à la tête de la meilleure unité de déminage de l'US Army. Leur mission : désamorcer des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de guerre, au péril de leur vie, alors que la situation locale est encore... explosive.

En 1988 j'ai vu "Aux frontières de l'aube", magnifique long métrage de Kathyn Bigelow (superbe évocation de vampires à l'époque contemporaines - loin des niaiseries de "Twilight" - que tout le monde devrait revoir), et depuis lors, j'ai prêté attention à sa carrière. De la série TV "Wild Palms" en 1993 jusqu'à "K19" en 2002, en passant notamment par "Strange Days", celle qui fut l'épouse de James Cameron a un évident talent.

Elle nous propose aujourd'hui un film de guerre, un film sur le quotidien de la guerre, très réussi. Le quotidien répétitif de cette unité de déminage, présenté comme un véritable thriller, qui coupe le souffle. C'est âpre, dense, percutant.

Elle sait s'attacher à la complexité de la guerre, et tourne délibérément le dos au politiquement correct et aux clichés. La réalisatrice s'interroge sur l'héroïsme, les ravages psychologiques de la guerre sur les soldats, et leur addiction possible aux fulgurantes montées d'adrénaline, en jouant avec nos nerfs. Effet garanti !

Même si l'on compte dans la distribution des acteurs de la renommée de Ralph Fiennes ou de Guy Pierce, le trio principal est assumé par des acteurs moins connus : Jeremy Brenner ("L'assassinat de Jesse James..." d'Andrew Dominik et "28 semaines plus tard" de Juan Carlos Fresdanillo, tous deux de 2007), Brian Geraghty ("Bobby" d'Emilio Esteves en 2007) et enfin, celui qui devrait pouvoir devenir prochainement une tête d'affiche du cinéma hollywoodien : Anthony Mackie.

Anthony Mackie a une carrière récente, mais déjà intéressante : en 2003, "8 Mile" de Curtis Hanson ; en 2004, "She hate me" de Spile Lee ; en 2005, "Million Dollar Baby" de Clint Eastwood ; en 2007, "Half Nelson" de Ryan Fleck. Autant de seconds rôles prometteurs qui devraient lui assurer une carrière florissante.

"Démineurs" est un film admirable, qui évite de "prendre position", de "juger" la guerre. Avec des accents de documentaires, Kathryn Bigelow continue de s'affirmer comme une excellente réalisatrice, et dans le cas présent, elle a trouvé et le sujet et la forme qui permettent de les exprimer.