Hadewijch
Choquée par la foi extatique et aveugle d'Hadewijch, une novice, la mère supérieure la met à la porte du couvent. Hadewijch redevient Céline, jeune parisienne et fille de diplomate. Sa passion amoureuse pour Dieu, sa rage et sa rencontre avec Yassine et Nassir l'entraînent, entre grâce et folie, sur des chemins dangereux.
Quand un film de Bruno Dumont sort enfin dans les salles, je suis heureux. A mon sens, c'est un des cinéastes français les plus passionnants d'aujourd'hui. Et depuis "La vie de Jésus" en 1997, il ne m'a jamais déçu, loin s'en faut : "L'humanité" en 1999, "Twenty Nine Palms" en 2003, "Flandres" en 2006.
Bruno Dumont, philosophe de formation, décide d'être moins violent qu'à son accoutumée, et j'espère que cela lui offrira des spectateurs plus nombreux. Dans ce film donc, moins d'excès, de débordements, de sécheresse excessive. Pour autant, il ne transige pas avec la facilité.
S'il choisit le calme, la sérénité, l'équilibre pour décrire le cheminement de Céline, dans cette histoire de furie mystique, il n'en reste pas moins austère, comme à son habitude. Et le singulier parcours de celle qui a "la rage de Dieu" est passionnant, bouleversant même. Et pour ma part, je comprends son engagement final, que je vous laisse découvrir.
Ce qui est immuable en revanche, c'est l'exceptionnelle direction d'acteurs dont est capable Bruno Dumont. Julie Sokolowski campe à la perfection les interrogations et la foi de Céline. Elle est bouleversante. Il ne fait aucun doute que nous la retrouverons prochainement dans les salles obscures. Quant à Karl Sarafidis et Yassine Salim, dans des rôles qui pourraient sombrer dans des caricatures faciles, ils sont très justes, en position d'équilibre délicat.
Certes, là encore, il ne s'agit pas d'un film "grand public", mais c'est du cinéma. Et du très bon cinéma, puisqu'incontestablement, "Hadewijch" est un des plus beaux films de l'année.