La merditude des choses

Couper ses racines...

Gunther Strobbe a 13 ans et une vie compliquée. Le jeune garçon partage le toit de sa grand-mère avec son père et ses trois oncles. Quotidiennement, il baigne dans un climat de beuveries effrénées, de drague éhontée et de glande constante... Tout porte à croire qu'il subira le même sort, a moins qu'il ne parvienne à se "démerder" de là...

Difficile de dire ce qui m'a conduit à aller voir ce film, peut-être le titre, pour clore 2009. Felix Van Groeningen n'y va pas avec le dos de la cuiller, et nous propose la description d'un univers... étrange.

Non ! Vous avez bien lu, il ne s'agit pas de "Avatar", mais de "La merditude des choses", un objet cinématographique non clairement identifié, qui a probablement puisé du côté des Frères Dardenne, de Mike Leigh et Ken Loach (le cinéma "social" made in UK en général), mais aussi dans les chansons de Jacques Brel, et dans l'inénarrable série TV "Strip-Tease". Et bien entendu, dans la Belgique.

Il faut le dire tout de suite : c'est trash, désespéré, glauque... Mais ce n'est pas spontané : on sent que tout est travaillé, répété, mis en scène. Cela vaudra probablement au film une volée de bois vert de la part des "Inrocks", on ne va pas les refaire...

Toute la famille Strobbe n'est plus border-line depuis longtemps, elle est carrément passée de l'autre côté, et le jeune Gunther comprend qu'il ne faudrait pas trop s'y attarder encore, ni surtout, y passer le reste de sa vie. Cependant, les personnages sont filmés avec beaucoup de générosité, ce qui, au bout du compte, fait un film à la fois violent et poétique, à la fois terrifiant et attachant.

Les acteurs, pour la plupart totalement inconnus, jouent leur difficile partition avec brio. Citons-les, pour le plaisir : Valentijn Dhaenens (Gunther), Gilda De Bal (Mémé), Johan Heldenbergh (Baraqué), Wouter Hendrickx (Petrol), Koen de Graeve (Marcel, dit "Cel"), Bert Haelvoet (Koen, prononcé "Koun"), etc...

De belles thématiques y sont abordées : la fratrie (ou fraternité), la paternité, le poids des origines et du milieu socio-culturel, les amours naissantes, les mariages ratés... Parfois même, quelques instants de grâce.

Impossible pour moi de ne pas rire devant cet humour pipi-caca-vomi (au sens propre), cette effrayante drôlerie, cette incroyable écurie d'Augias où pointes parfois de beaux instants.

Un film singulier, à part, en dehors, ailleurs... dont évidemment les média ne parleront guère. Moi, je vous le conseille, précisément parce qu'il est "autrement". Aussi parce que "la merditude", c'est le lot de beaucoup de gens.