Padre Nuestro

Survivre sans papiers...

Juan et Pedro, deux jeunes Mexicains, cherchent à émigrer clandestinement à New York. Pedro pense y retrouver son père, Diego, qu'il croît propriétaire d'un grand restaurant. Il garde précieusement sur lui une lettre de sa mère, avec l'adresse de Diego. Mais pendant le voyage, Juan lui vole la lettre et décide d'usurper son identité. Se faisant passer pour son fils, il se présente à Diego, et découvre alors que celui-ci n'est qu'un pauvre plongeur qui amasse le plus d'argent possible pour, un jour, rentrer au Mexique. Dès lors, Juan n'a de cesse de chercher cet argent caché. De son côté, Pedro, perdu dans NY, rencontre Magda, une jeune femme paumée à qui il demande de l'aider à retrouver son père...

Christopher Zella, après avoir réalisé plusieurs épisodes de séries TV nous propose ici son premier film. Il choisit une thématique que nous avons souvent vue au cinéma : les immigrés clandestins qui quittent le Mexique pour les USA. Mais sont regard est différent, et son film est très intéressant.

La mise en scène est réussie, le film est très bien rythmé, comme un thriller très réaliste, avec l'utilisation d'une caméra à l'épaule qui tourne sans complaisance visuelle ni misérabilisme. Cela rappelle une certaine façon de filmer qu'on voyait à NY dans les années 1970, avec sa part de crudité.

Sur le plan social, c'est très juste, et les décors sordides sont convaincants. Le réalisateur semble connaître le monde parallèle des sans-papiers new-yorkais, leurs tristes chambres, leurs arrière-cuisines. Il est rare, voire exceptionnel, de pouvoir observer Brooklyn par le prisme que nous propose Christopher Zella.

L'interprétation est très bonne. Jesus Ochao (Diego) est tout en réserve, alors que Armando Hernandez (Juan) assume sa gouaille, et sa bonne bouille devrait lui permettre de glaner de plus en plus de propositions. Jorge Adrian Espindola (Pedro) campe un père complexe avec beaucoup de subtilité. Enfin, Paola Mendoza (Magda), découverte dans "Girls in America" en 2006, parvient à donner beaucoup de force à son rôle difficile de paumée droguée.

Au bout du compte, même si le film est par instants un rien "ostentatoire", il reste très bien maîtrisé, va au fond de ses protagoniste, et présente un point de vue passionnant, rarement campé. Et ne pas avoir sombré dans le "dolorisme" propre au sujet des sans-papiers reste un des grands atouts de films. Très intéressant.