La Régate

Un père, un fils.

Alexandre a quinze ans et vit seul avec son père, dans les coups et la violence, en révolte contre tous. Pour échapper à ce quotidien sans répit, Alex se réfugie dans son sport favori, l'aviron, et n'a qu'une obsession, gagner seul et à tout prix les championnats de Belgique. Son entraîneur, Sergi, et Murielle, la jeune fille dont il est amoureux, vont permettre à Alex de redécouvrir les valeurs humaines qu'il avait perdues.

Bernard Bellefroid nous propose son premier film cette semaine. Il semblerait qu'il ait puisé dans ses meurtrissures personnelles, dans son enfer affectif de jeunesse, la substance de son film, d'évidence intensément vécu et exprimé, à fleur de peau, refusant tout romanesque.

Il s'y attelle avec beaucoup de pudeur et sans mièvrerie, dessinant un drame psychologique sec et dépouillé, dans un décor essentiellement aquatique. Cette opposition entre le fond et la forme est particulièrement bien filmée, avec un réel talent pour le sens cadrage, très affirmé et toujours parfait.

Entre le père et le fils, la relation est particulièrement intenable, d'autant que les rôles s'inversent parfois, le fils devenant presque le père. Ce sont probablement les plus belles scènes du film.

Pour l'interprétation, on ne peut que saluer l'extraordinaire travail de Thierry Hancisse qui, dans le rôle du père, rôle éminemment difficile, parvient à composer une partition de premier ordre. Pour sa part, Sergi Lopez, comme à chaque fois où lui incombe un rôle en demi-teinte, est très bon, dans son rôle d'entraîneur, et parfois, de père de substitution.

Nouveau venu dans le paysage cinématographique, Joffrey Verbruggen, à qui incombe aussi un rôle particulièrement difficile, s'en tire très bien. Il est même assez rare que les réalisateurs sachent offrir à des adolescents des rôles aussi fins, loin des tapages, des cris, des débordements. Voilà longtemps que je n'avais pas vu au cinéma le portrait d'un jeune homme de cet âge, au coeur des affres de l'adolescence, mais totalement détaché de tous les clichés qui vont avec. Inévitablement, nous reverrons bientôt Joffrey Verbruggen sur grand écran.

Si j'émets deux petite réserves sur le film (des choix musicaux très discutables et la contrainte du réalisateur à imposer parfois des regards trop appuyés à son jeune interprète), je conseille particulièrement ce film, où le thème de la paternité est particulièrement bien envisagé.