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La Vie ChonChon
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10 avril 2010

Ajami

AjamiLe quartier d'Ajami, à Jaffa, est un lieu cosmopolite où cohabitent Juifs, Musulmans et Chrétiens. Le jeune Nasri, âgé de 13 ans, et son grand frère Omar vivent dans la peur depuis que leur oncle a tiré sur un membre important d'un autre clan. Malek, un jeune réfugié palestinien, travaille illégalement en Israël pour financer l'opération que sa mère doit subir. Binj, palestinien, rêve d'un futur agréable avec sa petite amie chrétienne. Dando, un policier juif recherche désespérément son jeune frère disparu... L'histoire de destins croisés au coeur d'une ville déchirée.

Scandar Copti (citoyen Palestinien de l'Etat Hébreu) et Yaron Shani (Juif Israélien) nous présentent un film d'une rare puissance, sans parti-pris superflu, assis sur un scénario virtuose digne de Scorsese, voire de Coppola. D'entrée de jeu, la barre est placée très haut.

Il s'agit d'un puzzle qui ne ressemble à rien de connu ou presque, qui dresse le portrait d'un faubourg de Tel-Aviv (Jaffa est la partie sud et ancienne de Tel-Aviv ; yoffi signifiant beauté, yaffa signifiant belle), ainsi que le portrait de ses habitants, issus de communautés différentes.

Si ce puzzle est passionnant, c'est non seulement parce qu'il bouscule la chronologie, parce qu'il multiplie les angles de vue, mais aussi parce qu'il valse aussi avec les genres : c'est un thriller aux allures de reportage, c'est un documentaire en forme de film noir, le tout orchestré dans une construction complexe, dans laquelle on ne se perd jamais. Cette forme sert magnifiquement son sujet : la réunion de conflits humains et religieux qui embrasent la région, révélatrice de l'aliénation politique de toute une société.

Pour la plupart, ce sont les habitants d'Ajami qui en sont les acteurs, totalement inconnus. Pour hommage, cirons-les : Shakir Kabala, Ibrahim Frege, Fouad Halbash, Youssef Sahwani, Ranin Karim, Eran Naïm, Elias Sabah, Hilal Kabob, Nisran Rehan... Et si je les cite, ce n'est pas par pédanterie ou érudition, mais pour la musicalité, qui est celle du film, dont les dialogues sont tantôt en hébreu, tantôt en arabe.

Tous ces personnages sont liés les uns aux autres par la violence, l'amitié, l'amour (jolies scènes fraternelles), et nous montrent toute l'ambivalence de la réalité humaine, avec parfois beaucoup d'émotion, de sensibilité. Presque tous les personnages sont bruts, à la fois tendres avec leurs proches, et d'une extrême violence avec les autres.

Comment ne pas conseiller vivement ce film, d'une rare puissance, presque traumatisante, sans jamais sombrer dans la manichéisme et la démonstration. C'est incontestablement de l'excellent cinéma fait avec maestria, neuf et alerte, avec le sens de l'action comme de la réflexion, sans se départir d'un stupéfiant réalisme. C'est un choc et une grande émotion. "Le Monde" dit que c'est un missile.

On en ressort éberlué, choqué, ému. Magnifique.

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