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16 mai 2010

Jamais sans toi

Jamais_sans_toiInceste fraternel.

L'histoire d'amour inconditionnelle entre Francisco et Thomas, deux demi-frères.
Le film, se déroulant à Rio de Janeiro et Buenos Aires, raconte leur enfance dans un environnement familial aimant et leur arrivée à l'âge adulte lorsqu'ils réalisent la vraie nature des sentiments qui les lient.

Aluiso Abranches nous propose un film dont le sujet est passionnant : l'inceste entre deux frères. Le potentiel dramatique d'un tel sujet est évident, sulfureux, évoquant un tabou majeur. Mais le drame est systématiquement désamorcé.

En effet, le réalisateur a fait le choix de tout lisser et de tout embellir, probablement pour échapper à toute provocation gratuite. Et le drame sentimental s'impose face au drame tout court, libérant le film de tout antagonisme.

Tout se passe dans un milieu très bourgeois où ni le père ni la mère, malgré quelques questionnements devant leurs enfants si proches, ne vont s'opposer à cette relation, comme si elle était évidente.

Et tout vient appuyer la thèse de la normalité, depuis la musique d'André Abujamra presque mièvre, jusqu'aux images de carte postale, en passant par un casting de top-modèles. 

Les scènes sexuelles sont presque poétiques, parfois inutilement embrumées pour produire un style David Hamilton propre aux jeunes filles en fleurs. Et cet inceste fraternel de devenir uniquement romantique et sensuel, sans que cela ne pose la moindre question, ni à la famille, ni à la société, par la simple volonté du réalisateur.

Lorsque Thomas, excellent nageur, doit partir en Russie pour préparer les JO où il pourrait être sélectionné, tandis que Francisco doit rester au pays, il sont contraints d'être séparés, et de communiquer via internet par skype et webcams interposés. On assiste alors à ce qui pourrait être une longue publicité pour Apple, le scénario ici encore passant outre le drame que constitue cette séparation non désirée.

Lucas Cotrim et Gabriel Kauffmann qui jouent les deux frères encore dans l'enfance, sont épatants, et parviennent, malgré leur jeune âge, à distiller une ambiguïté intéressante. Julia Lemmertz (la mère), Fabio Assunçao (le père) et Louise Cardoso (la nounou) jouent très bien la légèreté de leur rôle respectif, imposée par le scénario.

Vasconcellos___CardosoJoao-Gabriel Vasconcellos (Francisco, l'aîné) et Rafael Cardoso (Thomas, le cadet) jouent leur partition parfaitement, et il n'y a rien à y redire. Ils sont magnifiques, et dégagent une évidente sensualité. Comme il ne leur est pas demandé d'afficher des doutes et des craintes, leurs rôles sont écornés, amputés, alors qu'ils auraient pu dégager bien davantage d'une partition plus difficile, plus brutale.

Le film n'est pas déplaisant, et les acteurs sont investis au maximum de ce qui leur est demandé. Certaines scènes sont mêmes très réussies, notamment celles des baignades à la mer. Mais il est dommage que le film passe à côté de son sujet, reléguant cet inceste fraternel au rang d'anecdote.

On aurait pu imaginer un mélange de "Vies brûlées" de Marcelo Pineyro, de "Père, fils" d'Alexandre Sokourov, et de "Happy Together" de Wong Kar Waï, un film beaucoup plus brûlant qui aurait tendu le scénario vers une torpeur incestueuse plus passionnelle et plus torride.

Le véritable film qui aurait du être réalisé ne l'a pas été, et il reste à faire. Et on ne peut retenir de celui-ci que le regard magnétique et troublant de Joao-Gabriel Vasconcellos et les lèvres d'une incroyable sensualité de Rafael Cardoso, animant leurs corps parfaits. Cela reste insuffisant pour nourrir un film, et proposer une oeuvre de cinéma.

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