Journée Mondiale contre l'Homophobie.

Le combat continue.

Il nous appartient, je crois, de saluer Libération pour son édito d'aujourd'hui.

En effet, revue de presse effectuée, c'est le seul journal qui fait sa une sur la journée mondiale contre l'homophobie.

D'aucuns pourront rétorquer qu'il y a des "problèmes plus graves", depuis les retraites jusqu'au pouvoir d'achat, en passant par l'euro en baisse et les dettes colossales de nombreux pays. J'ai lu sur le forum en ligne de Libération que la France avait des "priorités", et que la lutte contre l'homophobie était en quelque sorte, "accessoire".

Je vais m'inscrire totalement en faux devant cette idée de "priorités".

* Dans un premier temps, par le biais d'une question : quelle serait donc la priorité en France ? Les conséquences de la crise financière économique et sociale, l'€, le chômage, le pouvoir d'achat, les femmes battues, la sécurité, le niqab, le volcan islandais, la fiscalité ?

Nous avons la capacité et le devoir de mener de front plusieurs combats.

* Dans un deuxième temps, la notion de "priorités" implique la notion de "hiérarchie des victimes" ! Et ça, c'est inacceptable, même si la "victimisation" est très tendance.
Le pauvre est-il plus important que la femme battue ? La personne handicapée est-elle moins importante que la femme voilée ? Le financier spéculateur est-il plus important que le chômeur ? Le prisonnier est-il plus important que la prostituée ?

La force d'un pays comme le notre est précisément de concevoir, de comprendre et de convaincre qu'il ne saurait y avoir un TOP 50 des victimes dont il faudrait s'occuper les unes après les autres, dans un ordre de priorité établi arbitrairement par on ne sait qui !

L'homophobie reste un des stigmates d'une société qui nous édifie sur sa situation, son progressisme, de la même façon que le sort réservé aux femmes, aux prisonniers, aux personnes handicapées, aux prostituées, etc... (sans toutefois les comparer).

Par ailleurs, la volonté de s'émouvoir encore de ce qui se passe au-delà de nos frontières, et parfois pas bien loin (Italie, Pologne) demeure une volonté rassurante, au-delà de la sclérose, du repli dur soi. S'agit-il de faire accepter l'homosexualité dans tous les pays dans un but "d'hégémonie occidentale" ou de faire comprendre qu'un homosexuel ne saurait être ni discriminé, ni torturé, ni exécuté où que ce soit ?
Je ne crois pas qu'il soit question de faire une quelconque "apologie", mais de consentir à faire accepter, puisqu'ils en sont signataires, à certains pays la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

Réjouissons-nous des avancées majeures survenues chez nous depuis la fin des années 1970 et du début des années 1980, et souhaitons que ces avancées, à force de luttes et de journées annuelles, puissent un jour profiter à l'ensemble des homosexuel-le-s du monde.

Pour l'heure, il reste dans ce domaine des combats à mener chez nous, dans les banlieues comme dans les campagnes, surtout devant un regrettable retour à une certaine forme de pudibonderie et d'ordre moral, d'égoïsme et d'intolérance.

Il ne faudrait pas se méprendre, et croire "qu'un jour par an" est suffisant. C'est un reproche que l'on fait souvent aux média. Et ce reproche, il faut le contrer. Certes, la "une" des media est réservée à tout autre chose 364 jours par an. Mais il n'y a pas que la "une" ! Dans de nombreux journaux et magazines, par le biais entre autres de portraits, d'interviews, de critiques littéraires et de critiques cinématographiques, la lutte contre l'homophobie est "quotidienne", toujours âpre et sans relâche.

Si je pense qu'aujourd'hui l'éditorial de Laurent Joffrin dans Libération est particulièrement salutaire, ce n'est pas parce qu'il est seul, c'est aussi parce qu'il semblerait qu'il y ait, même chez nous, une lame de fond qui nous indique un retour à une certaine pudibonderie et à un "ordre moral" que nous avons ardemment combattu.