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21 juin 2010

L'illusionniste

L_IllusionnisteLes feux de la rampe...

À la fin des années 50, une révolution agite l’univers du music-hall : le succès phénoménal du rock, dont les jeunes vedettes attirent les foules, tandis que les numéros traditionnels – acrobates, jongleurs, ventriloques – sont jugés démodés. Notre héros, l’illusionniste, ne peut que constater qu’il appartient désormais à une catégorie d’artistes en voie de disparition. Les propositions de contrats se faisant de plus en plus rares, il est contraint de quitter les grandes salles parisiennes et part avec ses colombes et son lapin tenter sa chance à Londres. Mais la situation est la même au Royaume-Uni : il se résigne alors à se produire dans des petits théâtres, des garden-parties, des cafés, puis dans le pub d’un village de la côte ouest de l’Écosse, où il rencontre Alice, une jeune fille innocente qui va changer sa vie à jamais.

Sylvain Chomet, à qui l'on doit "Les Triplettes de Belleville" sorti en 2003, rencontre ici Jacques Tati et son univers, par le biais d'un scénario du génie du burlesque resté inexploité. Le mélange des deus univers est homogène, avec toute la tendresse, la nostalgie et la mélancolie des deux hommes.

Les goûts du public changent, c'est la fin des années 1950, c'est l'avènement du rock & roll, et l'artiste se retrouve un peu désemparé et très seul. Et là ou Sylvain Chomet est particulièrement judicieux, c'est lorsqu'il nous montre l'envers du décor, les coulisses, les doutes de l'artiste, ses difficultés économiques, et ses peines à retrouver une place dans un monde nouveau. Il trouve là l'occasion de peupler son film de personnages secondaires truculents.

C'est aussi une histoire d'amour filial, particulièrement touchante, profondément renforcée par l'absence de dialogues, où un père d'adoption, du mieux qu'il peut, aidera sa fille de rencontre à s'envoler, là encore, avec un fond de mélancolie.

Techniquement, la ligne est plus pure que dans "Les Triplettes de Belleville", l'animation est très fluide mais sans esbroufe, et tout est maintenu loin du bruit et de la fureur actuels. Tout est intelligent, subtile et fin.

Voici donc un film tout empreint de drôlerie discrète, de délicatesse sensible, de mélancolie douce et tragique, de fantaisie humaniste, et dans la période de mutation sociétale actuelle, le film interroge aussi notre présent.

Incontestablement un joyau, très au-delà du simple hommage.

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