Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Vie ChonChon
La Vie ChonChon
Derniers commentaires
Archives
2 août 2010

Plan B

Plan_BTroubles masculins sensuels.

Bruno vient de se faire plaquer par sa copine qui partage désormais sa vie avec Pablo. Mais derrière son apparente indifférence, Bruno élabore un plan pour la reconquérir… Il se rapproche de Pablo, devient son ami et cherche à fragiliser le couple. Mais rapidement, il se rend compte que pour arriver à ses fins, il n’a pas d’autre solution que de passer au plan B, l’amenant à remettre sa propre sexualité en question…

Voici le premier film (je crois) d'un réalisateur argentin, Marco Berger, que je ne connaissais pas du tout. Et c'est parfois dans les premiers films qu'on décèle de belles pépites.

"Plan B" en est une à plusieurs titres. Déjà, c'est davantage une fable sensuelle qu'une fable romantique à proprement parler, qui parvient à insuffler du trouble, de l'imprévu, et de l'humour aussi, dans ce petit drame intime.

Ensuite, il y a une réelle osmose entre la limpidité de la forme, avec ses nombreux plans fixes, parfois très sensuels, et l'innocence des personnages. Cela confère beaucoup de vérité au dispositif et aux troubles ressentis par les personnages, et insuffle de belles émotions.

C'est une fable à la fois distanciée et charmante, sur la confusion des sentiments entre deux amis trentenaires, que la sensualité finira définitivement par rapprocher. Cela est rendu possible parce que jamais la masculinité et la virilité des deux amis ne sont jamais bloquées à ce qu'elles sont supposées être, parce que les frontières entre l'amitié et l'amour sont poreuses.

Ensuite aussi, la grâce fragile des interprètes (que le réalisateur à pris le soin de ne pas recruter selon les archétypes physiques habituels) fait beaucoup pour la réussite du film : la malice de Manuel Vignau (Bruno) et la candeur curieuse de Lucas Ferraro (Pablo) dégagent un réel trouble aux yeux de Marcedes Quinteros (Laura) et Ana Lucia Antony (Ana). 

Enfin, quelques objets ordinaires viennent se faire la prolongation des hommes et de leurs sentiments, tels la pelle et le seau enfantins, l'appareil photo qui fera des plans fixes dans les plans fixes comme pour immobiliser des sentiments nouveaux, le tee-shirt que l'on prête pour la nuit, la cigarette que l'on offre, le slip dont on ne peut malgré soi détourner les yeux... multipliant ainsi les liens entre les deux hommes. Comme si la matérialisation des sentiments pouvait aider à les comprendre, à les "saisir".

Ce film, qui oscille avec audace entre romantisme, sensualité, sexualité, qui s'attarde sur la confusion des sentiments, qui envisage une belle interrogation sur la masculinité, et qui sait le faire avec de beaux dialogues, et des plans fixes souvent admirables, parvient à nous troubler avec ses protagonistes. Ce qui reste une réussite.

Publicité
Commentaires
La Vie ChonChon
Publicité
Publicité