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30 août 2010

Le bruit des glaçons

Le_bruit_des_gla_onsC'est le cancer qu'on assassine !

C'est l'histoire d'un homme, Charles Faulque, écrivain en manque d'inspiration et devenu alcoolique, qui reçoit la visite, dans la grande maison qu'il habite seul avec sa domestique Louisa, de son cancer. 

" Bonjour, lui dit le cancer, je suis votre cancer. Je me suis dit que ça serait peut-être pas mal de faire un petit peu connaissance... "

Depuis une dizaine d'années, Bertrand Blier n'avait plus souffle d'antan, et ne nous proposait plus des films de la qualité de ceux qui ont fait le début de sa carrière. "Les valseuses" en 1974, "Préparez vous mouchoirs" en 1978, "Buffet froid" en 1979, "Beau-père" en 1981, "Tenue de soirée" en 1986, "Trop belle pour toi" en 1989, "Merci la vie" en 1991, dans lesquels il avait su maintenir un ton bien à lui, et offrir des rôles à une belle part des comédiens français. Sans qu'il retrouve tout le sel de ses meilleurs films, avec "Le bruit des glaçons", incontestablement, Betrand Blier est de retour.

Déjà, c'est très bien écrit, avec des dialogues au scalpel, qui parviennent à jouer avec nos tabous, nos interdits, nos angoisses, nos fantasmes. Et ces dialogues sont particulièrement mis en valeur par une théâtralité assumée.

Cela donne un film à la fois désespéré et plein d'espoir, dont les personnages s'échappent parfois dans l'absurde, le burlesque et le surréalisme, dans d'étonnantes bouffées de tendresse et de douloureux éclats de rage.

Rarement la musique et le décor auront été aussi bien utilisés dans le cinéma français récent. L'impression étrange que laisse cette magnifique villa, belle comme un sarcophage, est due à la très belle mise en scène de Bertrand Blier.

Les comédiens, dans l'ensemble, sont au diapason. Jean Dujardin (Charles, l'écrivain) s'en sort très bien. Albert Dupontel et Myriam Boyer (les cancers de Charles et de Louisa) sont parfaitement à l'aise dans l'univers de Bertrand Blier, et assument la convention théâtrale avec beaucoup de talent. Audrey Dana (Carole, l'ancienne épouse de Charles), et Christa Théret (Evguénia, sa nouvelle maîtresse) dans des rôles plus en retrait, sont très bien. Emile Berling (Stanislas, le fils de Charles) continue son étonnant début de carrière, et nous offre une scène de toute beauté face à Anne Alvaro (Louisa).

Et il y a Anne Alvaro. Hélas peu connue du grand public, c'est une excellente actrice, qui rejoint ici dans sa prestation Catherine Hiegel, Francine Berger ou Catherine Mouchet. Elle est parfaite. Après Andrzej Wajda, Raul Ruiz, Romain Goupil, elle continue une belle carrière depuis une dizaine d'années : "Le goût des autres" d'Agnès Jaoui en 2002 ; "La chose publique" de Mathieu Amalric en 2003 ; "Le scaphandre et le papillon" de Julian Schnabel et "La part animale" de Sébastien Jaudeau en 2007 ; "Les bureaux de Dieu" de Claire Simon en 2008. Pas une fausse note en une décennie. Je souhaite que ce film lui ouvre enfin les portes vers une carrière à la mesure de son talent.

Même s'il n'y a pas dans ce film de Bertrand Blier l'audace de "Tenue de soirée", il est incontestable que le réalisateur fait un retour très réussi, toujours capable de braver avec panache les règles de la bienséance. On est ravi de ce pied de nez à la grande faucheuse, et l'on ressent le trouble d'un modeste chant funèbre, tout empreint de bonheur de vivre.

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