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17 janvier 2011

Incendies

IncendiesUne mère à (re)découvrir.

A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence.
Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de sa mère, enfermée dans un mutisme inexpliqué les dernières semaines précédant sa mort. Elle décide immédiatement de partir au Moyen Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien…
Simon, lui, n’a que faire des caprices posthumes de cette mère qui s’est toujours montrée distante. Mais son amour pour sa sœur jumelle le poussera bientôt à rejoindre Jeanne et à sillonner avec elle le pays de leurs ancêtres sur la piste d’une mère bien loin de celle qu’ils ont connue.

Grand film. Face un rythme qui ne laisse aucun répit, dans le cadre d'une enquête tendue à l'extrême, et grâce au recours à un passé à la violence fulgurante, vous resterez collé à votre fauteuil.

Les thèmes ne sont pas nouveaux : quête des origines, le secret familial, les fantômes du passé, la mort, l'impossibilité du pardon, la guerre. Pourtant, c'est toute la déchirure d'une femme, d'une mère, en parallèle à la déchirure de son pays, le Liban, auxquelles nous assistons. C'est saisissant. 

Denis Villeneuve, dans une mise en scène dont on ne pourra nier la maestria, nous dresse le portrait d'une femme dans toute sa contradiction, dans toute sa complexité. Mère étrange certes, mais aussi ancienne terroriste et prisonnière de guerre. Le réalisateur a été bien inspiré d'adapter la trilogie théâtrale de son compatriote, Wajdi Mouawad, dramaturge canadien né au Liban. Denis Villeneuve dont "Un 32 août sur la terre" en 2000 et "Maelström" en 2001 laissaient augurer l'excellence, et dont évidemment j'attends avec impatience la sortie prochaine en France de "Polytechnique", une variation sur "Elephant" de Gus Van Sant.

Rémy Girard (le notaire paternel), Mélissa Désormeaux-Poulin (Jeanne), et Maxim Gaudette (Simon) que l'on retrouvera bientôt dans "Polytechnique" du même Denis Villeneuve, sont excellents.

J'ai toujours eu confiance en Lubna Azabal (Nawal), puisque je l'avais vus deux fois chez André Téchiné ("Loin" en 2001, puis "Les Temps qui changent" en 2004), et que Téchiné pour un acteur, c'est toujours un excellent augure. Très bien aussi dans "Exils" de Tony Gatlif en 2004, dans le très correct "Viva Laldjérie" de Nadir Moknèche aux côtés de la géniale Biyouna en 2004 aussi, dans le plutôt réussi "24 mesures" de Jalil Lespert. Ce film devrait pouvoir lui ouvrir les portes d'une carrière digne de Hiam Abbas, et d'une puissance d'actrice digne de Ronit Elkabetz. A suivre donc.

Incontestablement, un excellent film. Un portrait de femme déchirée, magnifiquement incarné, qui se révèle après plus de 20 ans énigmatiques, après la mort, à ses enfants. En quelque sorte, un portait mouvant de la mère vers la femme. D'une rare puissance.

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