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22 février 2011

Santiago 73, Post Mortem

Santiago_73La dictature depuis la chambre froide.

Santiago du Chili, septembre 73. Mario travaille à la morgue, où il rédige les rapports d’autopsie. Amoureux de sa voisine Nancy, une danseuse de cabaret soupçonnée de sympathies communistes, sa vie va être bouleversée par le coup d’Etat contre Salvador Allende...

"Tony Manero" du même Pablo Larrain sorti en 2009 m'avait beaucoup intéressé, et outre le sujet du film, c'est l'intérêt pour ce jeune réalisateur (né en 1976) qui m'a poussé dans la salle obscure. Je ne regrette pas mon intuition.

La mise en scène est radicale, faite essentiellement de plans fixes. Et pour cause, le film nous interroge sur ce qui peut inciter à rester immobile dans une réalité en mouvement. Comment peut-on rester insensible, sinon docile, à la monstruosité de l'Histoire, ici l'assissinat de Salvador Allende (dont l'autopsie, dans le film, est un moment d'anthologie) et l'installation de la dictature de Augusto Pinochet, et ses monstrueuses conséquences ?

Car dans "Santiago 73, Post Mortem", on ne voit pas les combats violents, on n'en voit que les conséquences, les morts, qui défilent à la morgue. Et c'est dans ce hors-champ que réside toute la force froide du film, qui utilise toutes les techniques de l'autopsie afin de disséquer pour disséquer les viscères d'une dictature inauguré par un terrible coup d'état. Et tout renvoie au "Post Mortem" du titre : corps figé, lumières blafardes, diction lente.

Interprétation magistrale de Alfredo Castro (Mario) et Amparo Noguera (Sandra), déjà tous deux héros de "Tony Manero", qui nous transmettent ici, presque sans ciller, toute l'horreur de la situation, s'appuyant souvent sur un humour noir très étrange. Alfredo Castro est presque terrorisant en campant l'amour déchu de Mario pour Nancy, et Amparo Noguera dans une scène finale impressionnante reste le seule salut du film. Antonia Zegers (Nancy) quant à elle porte presque seule un sang qui circule encore. Elle est particulièrement touchante.

C'est selon moi une oeuvre majeure, un grand film de cinéma, même si sa radicalité formelle peut dérouter. Et son propos reste d'une actualité hautement dérangeante.

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Commentaires
R
Bonsoir Chonchon,<br /> Un détour par libé et me voilà à découvrir ton site. J'ai vu ce film et je n'ai absolument pas accroché. Le sujet et les critiques positives m'avaient donné l'envie de voir ce film. Au final ce fut flop et bon nombre de personnes du Balzac.
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