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21 mars 2011

Route Irish

Route_IrishDommage collatéral en Irak.

En septembre 2004, Fergus (ancien des SAS) persuade son ami d’enfance Frankie (ancien para) d’intégrer son équipe d’agents de sécurité, à Bagdad, pour un salaire mensuel de 12.000 livres, non imposable. C’est leur dernière chance de “se faire du blé” dans cette guerre dont la privatisation va croissant. Ensemble, ils vont risquer leur vie dans une ville où règnent la violence, la terreur, l’impunité et l’avidité. Une ville par ailleurs inondée de milliards de dollars américains.

En septembre 2007, Frankie meurt sur la “Route Irish”, la route la plus dangereuse de Bagdad. Fergus rejette l’explication officielle et, brisé par le chagrin, retourne à Liverpool où il entame sa propre enquête sur la mort de son alter ego.

Un film de Ken Loach, c'est un film que je ne peux pas ne pas aller voir. Déjà, c'est un souvenir d'adolescence, durant laquelle on me vantait les mérites de "Kes" (1970) et de "Family Life" (1972). Ensuite, parce que Ken Loach avait essentiellement travaillé pour la télévision, j'ai pu enfin découvrir sur grand écran "Riff Raff" en 1991 puis "Raining Stones" en 1993. A partir de là je n'ai pas manqué une seule des 10 collaborations de Ken Loach avec son scénariste Paul Laverty : "Land and Freedom", "Carla's song", "My name is Joe", "Sweet Sixteen", "Bread and Rosesé, "Just a kiss", "Le vent se lève", "It's a free world", et "Looking for Eric". Sous la houlette de ce même Paul Laverty, je n'ai pas manqué de dire tout le bien que je pensais de "Même la pluie" de Iciar Bollain.

Ici Ken Loach nous propose un film remarquable, tant dans le fond que dans la forme. Il nous propose une oeuvre entre le film social et le thriller de guerre. Comme d'habitude, on est directement sur l'os, sans gras, et c'est filmé le coeur au poing. Désespoir des familles brisées, anciens soldats revenus d'Irak brisés physiquement et psychologiquement, le tout montré avec la colère et l'efficacité d'un dossier à charge.

Il n'y a aucun répit sur le chemin vers la vérité de ce film d'enquête policière, de suspense guerrier, de réflexion sur la violence, avec un fond de rapport de classes sociales, où certains essaient de s'émanciper d'un système et d'une caste dirigeante.

La distribution est excellente autour d'un Mark Womarck admirable. Andrea Lowe, John Bishop, Trevor Williams, Geoff Bell, et Talib Hamafraj (dans le rôle de Harim) sont peu connus car venant de series TV, voire inconnus car n'étant même pas acteurs.

Mark_WomackMark Womack, dans le rôle de Fergus, porte le film de bout en bout, et à 51 ans, il est une découverte passionnante. C'est un ancien boxeur, avec un air pas commode, un physique nerveux n'a aucune difficulté à véhiculer la violence, le mal-être de son personnage. Produit de la classe ouvrière (père taxi, mère institutrice) de Liverpool, ce n'est qu'aujourd'hui qu'il trouve son premier grand rôle au cinéma, auxquels l'avaient pourtant préparés ses cours de comédie à Londres. Il n'avait, jusqu'ici, travaillé que pour la télévision.

Le film contient, selon moi, un peu trop de dialogues explicatifs, mais ce n'est pas grave. Ken Loach n'a rien perdu de son mordant militant, et nous livre un film dur, sombre, engagé, humain et désespéré, avec en filigrane une amitié fraternelle toujours vivace malgré la mort. En prime, il nous fait découvrir le très intéressant Mark Womack, que j'espère revoir très vite. Ken Loach reste parmi les plus grands.

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