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La Vie ChonChon
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21 mars 2011

Ma part du gâteau.

Ma_part_du_g_teauLutte des classes.

France, ouvrière, vit dans le nord de la France, à Dunkerque avec ses trois filles.

Son ancienne usine a fermé et tous ses collègues se retrouvent comme elle au chômage. Elle décide de partir à Paris pour trouver un nouveau travail. Elle va trouver un stage pour devenir femme de ménage. Assez rapidement, elle se fait engager chez un homme qui vit dans un univers radicalement différent du sien. Cet homme, Steve est un trader qui a réussi, il travaille entre la City de Londres et le quartier de la Défense à Paris.

Les deux individus vont se côtoyer. Cette ouvrière va découvrir les gens qui vivent dans le luxe. Elle va finir par découvrir que cet homme, fort séduisant et sympathique, est en partie responsable de la faillite de son ancienne entreprise.

Cédric Klapisch, après un grand nombre de succès populaires, nous revient avec une comédie socio-politique qui change un peu du "cinéma générationnel" qui a fait toute sa patte. Cette comédie prend des airs de fable anti-capitaliste qui ne manque pas d'atouts, regardant un peu du côté du cinéma britannique, souvent excellent en la matière.

La mise en scène est élégante, les images sont léchées, et l'alliage sensibilité/humour/émotion tient la route. Le scénario comprend bien des faiblesses, entre certains poncifs et certaines caricatures. Mais le rythme, le ton, l'énergie sont au rendez-vous. Et même si le film est drôle, vif et enlevé, il parvient à dessiner un constat d'une grande noirceur et d'un certain désespoir. Il décrypte plutôt bien l'indécence et le cynisme d'un monde régi par la toute puissance de l'argent, en maintenant son cap sur la nécessaire mixité sociale.

Même s'il ne parvient pas à faire abourir sa réflexion sur la véritable inégalité et la violence nouvelle de ce début de siècle, la victoire du virtuel sur le réel, du faux sur le vrai, il a le mérite d'en dessiner les contours.

Il n'y a presque pas de reproches à faire sur l'interprétation. Gilles Lellouche joue comme dans un film de Guillaume Canet, sans subtilité, mais parvient à laisser sa place à Karin Viard. Audrey Lamy, après ses délicieuses fantaisies de l'an dernier dans "Tout ce qui brille" de Géraldine Nakache et dans "L'Arnacoeur" de Pascal Chaumeil confirme qu'elle a toutes les qualités pour endosser de magnifiques et nécessaires seconds rôles. Jean-Pierre Martins est aussi bon que dans "Pieds sur les limaces" de Fabienne Berthaud.

Un petit mot particulier pour Zinedine Soualem qui déjà dans le théâtre de Patrice Chéreau puis d'Ariane Mnouchkine était superbe. C'est sa dixième collaboration avec Cédric Klapisch, et il continue de s'affirmer comme un des seconds rôles majeurs que propose le cinéma français. Que ce soit chez Klapisch donc, chez Costa-Gavras, Kassovitz, Salvadori, Chabat, Liorent, Vincent, Harel, Schnabel, Guignabodet, Valette... il est admirable.

Enfin, il y a Karin Viard, capable de sauter des "Randonneurs" (Philippe Harel) à "Hauts les coeurs" (Solveig Anspach) en passant par "La Nouvelle Eve" (Catherine Corsini) avec un talent unique. Ici, elle joue sur toute sa palette avec maestria. A plusieurs reprises, dans le registre comique, elle est époustouflante, et vous vous souviendrez de son cours de repassage comme de son dîner mondain à Londres.

Selon moi, le film n'est pas totalement abouti, et ne saurait prétendre équivaloir les comédies sociales britanniques. Mais je ne boude pas ses qualités, car c'est drôle, mordant et politique. Cédric Kalpisch, soutenu par ses interprètes, sait être tendre et drôle, avec tout ce qu'il faut de grinçant pour rendre combatif. Cerise sur le gâteau : de très beaux plans sur Dunkerque, et plus précisément sur sa touchante population et son épatant carnaval, filmé avec une réelle empathie.

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