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5 juin 2011

Le Chat du Rabbin

Le_Chat_du_RabbinLa sagesse oecuménique.

Alger, années 1920.

Le rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui dévore le perroquet et se met à parler pour ne dire que des mensonges.. et des vérités premières. Le rabbin veut l'éloigner. Mais le chat, fou amoureux de sa petite maîtresse, est prêt à tout pour rester auprès d'elle... même à faire sa bar mitsva ! Le rabbin devra enseigner à son chat les rudiments de loi mosaïque !

Une lettre apprend au rabbin que pour garder son poste, il doit se soumettre à une dictée en français. Pour l'aider, son chat commet le sacrilège d'invoquer l'Eternel. Le rabbin réussit mais le chat ne parle plus. On le traite de nouveau comme un animal ordinaire. Son seul ami sera bientôt un peintre russe, débarqué dans une malle pleine d'exemplaires du Talmud, en quête d'une Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur et le chat de faire avec lui la route coloniale...

Joann Sfar, épaulé par Antoine Delesvaux, nous propose la version animée, en 3D, de sa célèbre bande dessinée. C'est un conte orientaliste moderne, qui présente une réflexion intelligente et drôle sur une judéité laïque et universaliste. C'est un poème didactique, plutôt oecuménique, et brocardant volontiers les ostracismes religieux, qui fait à la fois rêver (un peu) et réfléchir (un peu).

Outre ses BD, Joann Sfar nous est connu pour son rôle de professeur de philosophie dans "Les Beaux Gosses" de Riad Sattouf (2009), et sa réalisation de "Gainsbourg - vie héroïque" (2010) dans lequel il s'était offert le rôle de Georges Brassens.

L'animation est douce et fluide, présentant des "daguerréotypes vivants" visuellement réussis (mais sans atteindre la perfection de "Azur et Asmar" de Michel Ocelot sorti en 2006), mais dont on se demande si la 3D apporte quelque chose ou si elle ne fait que céder à une mode.

Le casting est de tout premier ordre, avec les délicieux François Morel (le chat) et Maurice Bénichou (le Rabbin), suivis par Hafsia Herzi (Zlabya) que j'ai trouvée approximative et agaçante, et les excellents Jean-Pierre Kalfon (le Malika des lions), Mathieu Amalric (le Prince), Eric Elmosnino (le professeur Soliman), François Damiens (le reporter Tintin).

La musique qui mêle des rythmes klezmers (tradition musicale des Juifs ashkénazes d'Europe centrale et de l'Est) et des inspirations andalouses (en dehors d'une chanson finale discutable) est très réussie.

Si, à mon sens, le périple du Rabbin et de son chat manque de souffle épique, on reste séduit par la qualité graphique, par la bonhomie méditerranéenne des personnages, par l'ironie de ce chat si sage, et par la drôlerie des dialogues entre François Morel et Maurice Bénichou.

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