L'art de séduire

Aimer et être aimé...

Jean-François, psychothérapeute amoureux d'une de ses patientes se sent enfin libre de la séduire lorsqu'elle décide d'arrêter sa thérapie. Tétanisé devant l'objet de son amour, Jean-François accumule toutes les maladresses. Il se tourne alors vers Julien, un de ses patients qui le consulte pour trouble obsessionnel compulsif de drague. Une initiative totalement absurde. Quoique.

Je ne connais pas les précédents films de Guy Mazarguil ("Bloody Mary", "La vérité sur le vif", "Façade"), et celui-ci semble être le premier à avoir accès à un large public. Il s'agit d'une comédie sentimentale, au ton léger et frais, parfait pour l'été. L'idée de départ est bonne, le scénario est très bien dialogué, avec un potentiel comique et décalé tout à fait évident. Cependant, la mise en scène est plutôt plate et trop sage. Paris, alors que de nombreuses scènes sont filmés vers le Canal Saint Martin ou sur les quais de la Seine, n'est pas du tout mis en valeur.

L'essentiel repose donc sur l'interprétation. Avec des seconds rôles, qui ne sont ici nullement négligé, le réalisateur nous offre de très belle scènes. Elisabeth Vitali en copine de jogging de jean-François ; Anne Charrier en fleuriste ; et Eva Mazauric en pharmacienne, nous offrent des scènes très réussies, jonglant parfaitement avec des dialogues très ciselés.

Julie Gayet (Hélène, la patiente de Jean-François), reste belle et mutine, et est très à l'aise tant dans le registre de la comédie que dans celui de la romance. Serge Abelanski (décidément un des meilleurs seconds rôles du cinéma français) est épatant en Julien le patient séducteur, et parvient, en une scène vers la fin du film, à offrir à son personnage une réelle consistance, réussissant à porter haut l'émotion.

Le grand souffle du film tient à Valérie Donzelli, décidément excellente, et pour laquelle 2011 aura été une année faste : "Belleville Tokyo" de Elise Girard", "Pourquoi tu pleures" de Katia Lewkowicz, "En ville" de Valérie Mréjen & Bertrand Scheffer. J'attends avec impatience "La guerre est déclarée" qu'elle a réalisée et interprété, sur les écrans ce 31 août. Dans "L'art de séduire", elle reste la seule à avoir décidé de ne pas s'émanciper de toute sa fantaisie, paraissant hurluberlue au départ, mais s'avérant autant séduisante que naturellement séductrice.

Enfin, il y a Mathieu Demy, qui après avoir été un père magnifique dans l'excellent "Tomboy" de Céline Sciamma, campe ici un célibataire un peu déboussolé cherchant sa moitié d'orange. Dire qu'il a du charme est un euphémisme. Il interprète son jean-François comme peint un impressionniste, par petites touches qu semblent maladroites, mais qui proposent finalement un ensemble harmonieux. Une des bonnes idées du scénario est de lui avoir accordé une passion pour la photographie, exclusivement centrée sur les poissons qu'il achète à son poissonnier. Son jeu est délicat, ne tirant jamais la couverture à soi face à chacun de ses partenaires. Et puis que voulez-vous, dès qu'il bat d'une paupière, ou qu'il sourit d'un coin des lèvres... sur moi son charme opère.

Voilà donc un film qui certes ne restera pas dans les mémoires, mais qui demeure une comédie légère réussie, surtout grâce à ses dialogues, délicieusement servis par des comédiens épatants.