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12 septembre 2011

Habemus Papam

Habemus_PapamFace au pouvoir, le doute.

Après la mort du Pape, le Conclave se réunit afin d’élire son successeur. Plusieurs votes sont nécessaires avant que ne s’élève la fumée blanche. Enfin, un cardinal est élu ! C'est Melville. Mais les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendent en vain l’apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Ce dernier ne semble pas prêt à supporter le poids d’une telle responsabilité. Angoisse ? Dépression ? Peur de ne pas se sentir à la hauteur ? Le monde entier est bientôt en proie à l’inquiétude tandis qu’au Vatican, on cherche des solutions pour surmonter la crise…

Nanni Moretti, déjà près de 40 ans carrière, nous propose son dernier film en date. Il faut le dire d'entrée, celles et ceux qui attendaient un pamphlet anticlérical en seront pour les frais. En effet, il s'agit davantage d'une fable malicieuse que d'une critique des us et coutumes du Vatican.

Nanni Moretti nous a déjà proposé des films passionnants, parmi lesquels il faut évidemment retenir, "Journal Intime" en 1994, "La Chambre du Fils" en 2001, "Le Caïman" en 2007.

Le film est très riche, qui proposent donc plusieurs lectures. En effet, le film réussit différents équilibres difficiles : le déni, quand les arcanes du Vatican dissimulent la crise de doute du nouveau Souverain Pontife ; la consternation, quand le monde extérieur reste figé dans l'attente, et presque l'effroi. Il y a aussi l'équilibre entre la comédie, quand les cardinaux participes comme de grands enfants à un tournoi de volley, et la mélancolie que trimballe Melville lors de ses errances dans Rome.

Le film présentent de très nombreux sujets de réflexion : réflexion mordante sur les aléas du pouvoirs ; critique de la psychanalyse ; massacre en règle des jeux de rôles qui propulsent parfois arrivistes et incompétents au pouvoir ; la mélancolie suscité par le doute ; le difficile exercice de la responsabilité individuelle dans une collectivité ; ode à la liberté ; etc...

Melville, devenu Souverain Pontife, devant son doute, accepte de s'interroger profondément sur la terreur qu'il ressens devant les responsabilités à venir, essayant de ré-enchanter son existence, assumant la part de burlesque de l'existence.

De très nombreux seconds rôles gravitent autour de Michel Piccoli. Citons notamment Jerzy Stuhr (porte parole du Vatican) qui joue l'embarras et l'inquiétude à merveille ; Renato Scarpa (Cardinal Gregori, au départ le "favori" pour devenir Souverain Pontife) qui reste un condensé de haut responsable religieux, entre bonhomie et malice.

Enfin, Michel Piccoli, acteur à la filmographie impressionnante, qui a tout joué (et même une femme géniale dans "Jardins en automne" de Otar Iosseliani en 2006), avec les plus grands, est ici bouleversant de vulnérabilité et d'humanité. Michel Piccoli est un "Monstre Sacré".

"Habemus Papam", c'est du grand art, touché par la grâce de l'intelligence et de l'humour, porté par un acteur exceptionnel.

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