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12 septembre 2011

Putty Hill

Putty_HillPerdre un adolescent.

Cory meurt d'une overdose d'héroïne dans une maison abandonnée de Putty Hill, un quartier de Baltimore, dans le Maryland. La veille de ses funérailles, sa famille et ses amis se réunissent pour partager leurs souvenirs. Dans leurs récits apparaît en filigrane le portrait d'une ville rongée par la pauvreté, les conflits générationnels et le désir partagé par tous de vivre, malgré tout, le rêve américain.

Après "Hamilton" en 2007, film qui racontait l'histoire de Joe (20 ans) et Lena (17 ans), qui devenaient parents à leur jeune âge, à Baltimore aux USA.

"Putty Hill" est plus qu'un film indépendant, c'est un "film guérilla" étasunien, réalisé en 12 jours avec 25.000 $. Il dresse le portrait délicat d'une famille de prolétaires de Baltimore, qui se prépare à l'enterrement de Cody, au coeur d'une ville qui ne cesse de s'appauvrir.

Au-delà du propos, l'immense talent du réalisateur est de parvenir, avec les codes du cinéma indépendant, à restituer une atmosphère. Le propos rappelle un peu "Elephant" Gus Van Sant, "Girls in Ameriaca" de Loris Silverbush & Michael Skolnik, "Afterschool" de Antonio Campos ; la préciosité arty et la composition parfaite des cadrages évoque le travail de Larry Clark. L'impression que le film laisse est particulièrement forte et durable.

Le film est conçu comme un collage d'une grande simplicité, et très pertinent, avec des séquences filmées au plus près des personnages avec des entretiens faussement pris sur le vif, avec aussi des plans plus contemplatifs. Ce mélange, ou plutôt cette volontaire confusion entre le documentaire et la fiction, laissent parfois en retrait l'argument du film, et mettent en avant une foule de personnages émouvants. Et ces personnages peignent une communauté fictive, et pourtant profondément ancrée dans le réel.

Le réalisateur parvient à une originalité sidérante, en évitant tout pathos, tout misérabilisme, et même toute complaisance, réussissant à filmer un "enterrement karaoké" parvenant à imposer ses longs plans contemplatifs qui ouvrent à la rêverie, provoquant chez le spectateur comme un envoûtement. Matthew Poterfield rappelle avec brio que le bonheur du spectateur passe surtout par le plaisir de découvrir quelque chose de beau et d'inattendu.

Je suis très attaché à ce film, pour des raisons de fond comme de forme, et par sa volonté de montrer la vie de tous les jours de ceux que le cinéma hollywoodiens jugent trop insignifiants pour occuper le devant de la scène : les prolétaires étasuniens. Advient sous nos yeux, avec beaucoup de retenue et de délicatesse, un monde dans toute sa richesse géographique, sociale, culturelle, émotionnelle...

Un film d'exception.

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